« ...mais elle était du monde où les plus belles choses
ont le pire destin
et rose, elle a vécu ce que vivent les roses,
l’espace d’un matin... »
(François de MALHERBE)
699 jours !....Qu’est ce que 699 jours dans la vie entière d’un chat qui, en moyenne chez nous vit quinze à vingt années ?
Une paille !......un souffle……..un moment tellement furtif……..
Lorsque je consulte le dossier médical de CELESTE et que je le compare à celui de sa jumelle Babeth, je suis abasourdie !
Babeth a sa visite d’accueil, son identification et sa stérilisation et une seule visite pour maladie (rhume).
CELESTE a des pages et des pages entières de rapport de maladies, respiratoires surtout.
Nées le même jour, de la même portée, abandonnées en même temps lorsque leur maman avait décidé de suivre un bellâtre tout aussi SDF qu’elle pour entamer un nouveau « voyage de noces », recueillies à quelques jours d’intervalle car de caractères totalement opposés. Babeth s’est facilement laissée apprivoiser ; pour CELESTE il a fallu des tonnes de patience, de douceur, de doigté….et des griffures plein les mains.
CELESTE a toujours été plus distante, même si elle venait sur les genoux quand elle l’avait décidé, mais lorsqu’elle ronronnait sur moi, le monde entier nous appartenait à elle et à moi…
Dès le matin, à 5 heures, je savais si elle ne se sentait pas bien car elle m’évitait, elle évitait même de croiser mon regard. Elle me fuyait. Alors, je lui disais bonjour de loin, je faisais semblant que je ne la surveillais pas, pour pouvoir (lâchement, je l’avoue) la coincer et lui faire avaler sa mixture que j’avais broyée et mélangée à un rien de lait sans lactose, doucement, très lentement, pour qu’elle ne s’étrangle pas, pour qu’elle ne panique pas, goutte à goutte…
CELESTE a eu le malheur d’être ce que l’on appelle « le croisement de deux chats errants certainement issus de la même lignée », et elle a du l’assumer durant toute sa minuscule vie. Comme aurait dit si simplement ma grand-mère « elle a pris tout le négatif ». La pauvre ! Il se passait rarement une semaine sans qu’elle n’ait un rhume, une rhinite, bronchite,etc…
Suite au virus qui a envahi la maison en décembre, elle a été atteinte, a subi plusieurs rechutes et son insuffisance d’immunité a joué en sa défaveur.
Elle s’est envolée pour le paradis des chats en ce mois de février, à bout de force, complètement anéantie….Elle s’est blottie dans mes bras, n’a même pas réagi à la piqûre qui allait la délivrer de toute souffrance, et elle s’est endormie aussi discrètement qu’elle avait vécu durant ces 699 jours…
« Je ne crois pas que tu meurs
Je ne crois pas que je pleure
Non, je n’y crois pas……
Car je crois que tu es là
Que tu marches auprès de moi
Oh oui, ça j’y crois……
Et je crois bien que tu restes
A côté dans l’autre pièce
Oh oui, ça j’y crois……
Mais je crois que tu es là
Dans mon cœur, au fond de moi
Oh oui, ça j’y crois… »
(Grégoire)
Mon brave PIPO était arrivé à la maison après l’entrée en maison de repos de sa maîtresse, il était accompagné de Mickey, qui vivait dans la même maison. Les autres chats de la dame avaient été répartis ailleurs.
A peine le panier de transport ouvert, PIPO a fait le tour de sa chambre d’observation puis, à ma demande, il a sauté sur le lit et est venu me donner un bon gros câlin comme s’il me connaissait depuis toujours.
Le soir, j’étais inondée de bisous, de ronrons et de caresses par mes deux petits nouveaux.
PIPO n’a jamais manifesté le moindre stress et s’est très vite habitué à la maison, au promenoir extérieur et aux autres chats. Lors des visites pendant les journées portes ouvertes, c’était différent. Il n’aimait pas le bruit, les conversations avec éclats de voix, donc il se réfugiait tout en haut du grand meuble mural de la pièce de séjour arrière, se calait dans un bon panier d’où il pouvait observer sans spécialement être vu.
Et lorsque tout se calmait, il descendait et venait chercher sa caresse.
PIPO n’avait pas de copain particulier, il s’entendait avec tout le monde, ne s’était pas attaché spécialement à Mickey.
Tout ce qu’il demandait c’est une bonne place pour se reposer, au soleil du promenoir en été, près des radiateurs en temps plus froid ; une gamelle qu’il appréciait et mes genoux le soir. Car Monsieur PIPO tenait à SA place sur mes genoux.
Il avait eu dernièrement des petits soucis de santé. Oh ! Rien de bien grave, mais liés à son âge : il avait fallu lui enlever quelques dents qui le faisaient souffrir et l’empêchaient de manger comme il l’aurait voulu.
De sa journée passée chez notre vétérinaire, PIPO n’avait cessé de ronronner, demander des caresses et avait même ronronné tellement fort que la vétérinaire avait eu bien du mal d’entendre ses battements de cœur lorsqu’elle l’avait ausculté.
Rien ne laissait présager qu’il nous quitterait si rapidement.
Un lundi du mois de février, la vétérinaire l’a vu car il avait perdu l’appétit et avait fortement maigri. Après divers examens, on a soupçonné un début d’insuffisance rénale. Un traitement fut mis en route et PIPO fut mis sous surveillance accrue.
C’est le lendemain qu’il m’a fait un Accident Vasculaire Cérébral qui l’a laissé paralysé et totalement désemparé….
Son état s’est aggravé en peu de temps et j’ai du prendre la terrible décision de faire cesser ses souffrances.
Mon petit amour de PIPO est parti doucement, discrètement, comme il avait toujours vécu.
Le soir, en regardant le ciel avant d’aller me coucher, je me suis dit que là-haut, il devait y avoir une étoile supplémentaire, que mon petit PIPO veillait désormais sur ses copains et sur moi. Je suis certaine qu’il surveille qui vient se coucher sur mes genoux, le soir, à la place qu’il affectionnait tout particulièrement. Mais, sois tranquille petit PIPO, personne n’a chipé ta place. Elle est restée libre, comme dans mon cœur, ta place est toujours occupée. jamais je ne risque de t’oublier, petit cœur !
« ...Toi, tu es mon autre
la force de ma foi
ma faiblesse et ma loi
mon insolence et mon droit.
Moi, je suis ton autre,
si nous n’étions pas d’ici
nous serions l’infini... »
(Maurane/L.Fabian)
FELINE était arrivée en 2015, suite au décès de sa maîtresse. Elle était accompagnée des 3 autres chats qui partageaient son quotidien : Boulette ainsi que Jack et Colombine, ses enfants. Il a fallu beaucoup de doigté pour habituer FELINE à la maisonnée : elle était celle qui avait été la plus meurtrie par les hospitalisations de leur maîtresse. FELINE avait un énorme besoin de calme, de stabilité, de compréhension, de doigté et de patience. Quand ces conditions étaient réunies, FELINE se donnait à la détente, à la confiance, au bonheur partagé par l’être qu’elle avait apprivoisé…
Et, j’ai eu l’immense chance d’être cet être, de bénéficier de sa confiance, de sa gentillesse, de son amour, de son affection. Impossible d’expliquer pourquoi, dès son arrivée, nous nous sommes trouvées, comprises, réglées sur les mêmes ondes. Pendant les 4 ans et demi passés à la maison, elle a rarement mangé entourée des autres chats, elle restait à l’écart mais elle savait que je lui porterais sa gamelle là où elle aimait la déguster tout à son aise. TOUS les matins, le scénario était pareil : dès mon lever, elle m’attendait dans son panier, la tête levée prête à sortir pour venir se frotter à mes jambes. Je la prenais dans mes bras jusqu’à mon fauteuil et là, elle m’inondait de ses ronrons, de ses câlins, allant même jusqu’à baver de plaisir. A ce moment, elle était entourée d’autres chats (Heidi, Chipie, Baba, Noëlle, Léa, les inconditionnelles, quoi)…
Idem pour le soir, lorsque je m’accordais une pause détente après une journée bien remplie. J’avais avec FELINE, la même connivence, le même « feeling », la même complicité qu’avec Heidi. L’une et l’autre le savaient, et nulle jalousie entre elles. Peu avant le décès de Heidi, on aurait dit que FELINE prenait peu à peu le relais ; si Heidi s’isolait un peu plus, FELINE s’impliquait un peu plus dans cette relation fusionnelle. Elle me consolait lorsque j’avais un coup de cafard, ronronnait juste à côté de mon oreille lorsque mes larmes inévitablement coulaient parce que je savais l’issue fatale de plus en plus proche.
C’est trop peu de dire que FELINE m’a été d’un énorme réconfort lorsque Heidi s’en est allée…. mais maintenant, me revoilà seule comme une âme en peine, mon réconfort m’a quittée aussi, plus personne pour me tenir la main ou me consoler de sa disparition si soudaine….
Même si tous les autres chats (et Athéna) sont autour de moi, cette petite présence si discrète qu’elle était, laisse un gouffre immense dans ma vie de tous les jours. Je la vois dans son panier, je lui achète ses snacks préférés lorsque je fais mes courses, je la cherche à tous moments….
FELINE fera à tout jamais partie de ces chats qui ont eu une importance inouïe dans ma vie, qui l’ont conditionnée, marquée, au même titre que Heidi, Shadow, Mouchette, Simba, Gribouille, Mémère……des chats, en apparence discrets, en tout cas aux yeux des visiteurs lambda, mais avec qui je n’avais besoin d’aucun décodeur pour être en totale harmonie.
Parce que c’était elle, parce que c’était moi, je n’ai aucune explication, je ne la cherche même pas, je me garde pour moi seule ces moments tellement magiques et précieux gravés à tout jamais dans mon cœur, dans ma mémoire. Même Alzheimer, s’il me tombe dessus un jour, ne pourra pas me les effacer.
On se reverra ma poupée, et on reprendra notre histoire là où on l’a interrompue….Je t’aime et je sais que tu veilles sur tes deux enfants et sur moi.
2019
« On est allés jusqu’au bout du chemin en lui tenant la patte.
Il a du s’arrêter et nous a dit de continuer »
CASIMIR était déjà dans le jardin lors de notre installation à la maison des Chats Sans Toit.
C’était un tout jeune chat mâle non castré évidemment. Il nous a tout d’abord observés de loin, puis s’est peu à peu approché de la maison. Il a même fini par jouer avec nos chats au travers de la porte fenêtre du salon. Il passait parfois de longs moments à regarder, les yeux grand ouverts, tous ces chats. Je crois qu’il n’en avait jamais vu autant ensemble !
Il est évidemment venu manger sur la terrasse, comme le font tous les chats S.D.F., et peu à peu s’est laissé approcher. Bizarrement c’est avec notre chienne ATHENA qu’il a d’abord été copain. Il entrait à la cuisine, lui donnait des petits coups de boule et allait même se coucher près d’elle dans son panier. Comme toujours elle n’osait pas bouger…
Un soir, CASIMIR s’est collé contre la porte de la cuisine, il tremblait, il toussait. Il faut dire qu’il faisait un temps à ne pas mettre un chat dehors. Aussitôt la porte entrouverte, il est entré et a filé directement se coller au radiateur de la cuisine. C’est là que je lui ai mis un panier garni de bonnes grosses couvertures, ainsi qu’une gamelle bien emplie et de l’eau, après lui avoir donné les médicaments que nécessitait son état Il n’a plus bougé jusqu’au lendemain matin. Il est resté là deux jours et deux nuits d’affilée. Il se laissait bien soigner, sans rechigner, il mangeait de mieux en mieux, en même temps que son état grippal s’améliorait.
Guéri, il a recommencé à vouloir sortir, mais cette fois, lorsqu’on l’appelait le soir, il rentrait pour passer la nuit à la maison. Un peu à la fois, il est passé de la cuisine au living et s’est très doucement habitué aux autres chats.
Je me souviendrai toujours de sa toute première nuit au salon. Je l’ai passée près de lui, sur un fauteuil. Zébulon lui cherchait noise (comme toujours avec Zébulon qui déteste les nouveaux arrivants), mais lui, impassible dormait du sommeil du juste, affalé à côté de moi, complètement confiant.
Jamais je n’ai eu le moindre problème avec CASIMIR ! Jamais un marquage, jamais une bagarre, jamais un pipi où que ce soit, c’était un chat modèle !
Combien de fois ne l’ai-je pas cité en exemple ?
On a bien raison de dire que les chats ne nous font du mal que lorsqu’ils nous quittent ! C’est le cas de CASIMIR. Soigné depuis de longs mois pour combattre l’équivalent félin de la maladie de Chron pour les humains, les médicaments n’ont un jour plus du tout fait effet et mon brave CASIMIR nous a quittés doucement, sans faire de vague, comme il l’avait fait durant toute sa vie chez nous, pendant 9 ans. Un ange a rejoint ma maman là-haut et tous les chats qui nous ont quittés trop tôt. Adieu mon brave petit pépère ! Je t’aime mon cœur !
« Si vous me cherchez, cherchez-moi dans votre cœur.
Si j’y ai une demeure, je serai toujours auprès de vous »
(St-EXUPERY)
Il y a 14 ans, une dame m’avait téléphoné pour me demander de prendre en charge le chaton que ses voisins délaissaient et qui errait dans tous les jardins du
voisinage depuis quelques semaines. La petite boule de poils avait environ 6 à 8 mois et avait cessé d’amuser les enfants de la famille, donc on l’avait tout simplement jeté dehors.
MANON est donc arrivée à la maison, kidnappée par la voisine. Ses « maîtres » n’ont jamais cherché à savoir ce qu’elle était devenue. La petite était en plus ou moins bonne santé physique, hormis les parasites externes et internes, mais côté psychologique, c’était la catastrophe !
MANON était terriblement peureuse, effarouchée au moindre bruit, dès que quelqu’un entrait dans sa chambre d’accueil, elle allait se réfugier dans un coin, tournée vers le mur et les oreilles complètement aplaties…
Durant la visite d’accueil, la vétérinaire et moi-même étions interpellées par deux choses : l’odeur de brûlé qui émanait de son pelage et les ronds sans poils qui la parsemaient. Puis m’est revenue une info apportée par la dame qui me l’avait confiée « ses maîtres sont des gens qui se droguent, ils fument des joints même en présence de leurs enfants ». Et là, PAF ! La pièce est tombée ! La petite MANON avait des séquelles de brûlures de cigarettes (ou autres) de la part de ces bourreaux.
MANON s’est habituée à la maison, à nous, aux autres chats, mais néanmoins, durant toute sa vie, elle est restée assez farouche vis-à-vis des gens qu’elle ne connaissait pas, aussi des gestes brusques, des bruits inconnus, des voix fortes…
MANON et Noëlle étaient devenues les meilleures amies du monde ! On ne voyait jamais l’une sans l’autre, jour et nuit. La journée, elles avaient l’habitude de se percher sur un des paniers-tours du salon, serrées l’une contre l’autre ; la nuit, alors qu’il y avait deux ou trois paniers vides dans la pièce de séjour arrière, elles dormaient enlacées l’une contre l’autre dans un seul panier. J’ai, plusieurs fois essayé de les séparer, pour que l’une et l’autre aient plus de confort ; dans les minutes suivantes, elles se rejoignaient, donc j’ai abandonné.
Ce soir de mai où ma journée avait été exécrable, je venais de m’asseoir sur mon fauteuil, entourée de plusieurs de mes chats sur qui je comptais pour m’aider à me détendre avec leurs ronrons ; j’ai assisté- totalement impuissante- à la crise
cardiaque de MANON. Cela n’a duré que quelques secondes mais elles resteront à tout jamais gravées dans ma mémoire. Elle aussi a rejoint mes petites stars montées trop tôt au firmament des félins. Le ciel est désormais tellement étoilé !
Petite poupée, ton amie Noëlle a eu tellement de mal de se remettre de ton départ que j’ai sincèrement eu peur qu’elle te suive. Ton caractère, tes frayeurs, tes câlins furtifs, ta façon tout à toi de mettre la patte sur la main dès que tu voulais que s’arrêtent les caresses, tout ça te rendait UNIQUE !
Il me sera impossible de t’oublier et, de toute façon, je n’en ai absolument pas l’intention. Ta place dans mon cœur est occupée à tout jamais. Un jour, on se retrouvera, toi et tous les autres amours qui m’ont quittée trop tôt, et là, on se
fera un immense câlin collectif….Repose en paix, ma petite poupée ! Je pense très fort à toi et je t’aime !
« Tu aurais pu vivre encore un peu
Mon fidèle ami, mon copain, mon frère
Au lieu de partir tout seule en croisière
Et de nous laisser comme chiens galeux…»
(Jean FERRAT)
KENZO était arrivé un dimanche soir, il y a 11 ans,après tout un périple en train, depuis un parc de Namur où il avait attiré l’attention d’une dame rentrant d’une exposition. Le pauvre était en mauvais état : le pelage rempli de nœuds,
les oreilles pleines de gale et souffrant d’otite.
Il a fallu le laisser un peu se détendre une quinzaine de jours avant de pouvoir le tondre, mais après, quel bonheur de recevoir de sa part des câlins à n’en plus finir, car c’était un sentimental, mon petit KENZO !
Avec son poil roux et blanc mi-long, il me faisait terriblement penser à mon Simba, croisé Mainecoon que j’avais perdu un an auparavant. Il n’avait pas le même caractère, bien sûr ! Il était plutôt dominant vis-à-vis des autres chats, mais tellement gentil et câlin. Il pouvait aussi se révéler plutôt farceur et têtu en même temps. Il n’aimait pas les portes fermées devant lui, donc il s’arrangeait pour les ouvrir. Vu sa grande taille, cela ne lui posait aucun problème. Il se hissait sur la pointe des pattes, saisissait la clenche de la porte entre ses pattes antérieures, s’y suspendait et…….hop, c’était gagné !
Cette fantaisie ne lui prenait pas tout le temps, seulement par phases, mais alors, là, ça en devenait une obsession….Il est même arrivé que des visiteurs, lors d’une porte ouverte, le surprennent en pleine action et le photographient.
KENZO avait aussi la particularité de miauler d’une manière toute personnelle. Je serais bien incapable de vous expliquer comment, mais je reconnaissais son miaulement d’un bout à l’autre de la maison, surtout quand je travaillais dans
mon bureau et que KENZO avait envie d’un câlin. Il venait se poster contre la porte grillagée, me regardait et émettait son petit miaulement si caractéristique. A la première tentative, je lui disais d’attendre quelques minutes, à la deuxième je tentais de lui expliquer pourquoi j’étais occupée, puis évidemment, je fondais et j’abandonnais mon travail et je le rejoignais…
Nos séances de câlins nez contre nez, yeux dans les yeux, le soir-lui sur son arbre à chats, moi debout- entourés de plusieurs autres chats qui nous regardaient mais n’osaient pas interrompre ce moment magique !
Il nous a quittés, le mardi 14 mai, et il a fallu que je prenne l’atroce décision d’abréger ses souffrances.
Son miaulement, ses câlins, sa beauté, son caractère bien trempé mais pourtant si doux quand il le voulait, tout me manque énormément.
KENZO ne sera jamais remplacé, comme Simba ne l’a jamais été, comme aucun de mes autres chats disparus ne l’a été ni ne le sera jamais. Il faut prendre son courage à deux mains et « tourner la page pour continuer », mais le coup de canif dans le cœur laisse des cicatrices indélébiles.
Salut Ti’ Cœur ! Tu me manques ! Mais je ne pouvais te laisser souffrir ! Je t’aime, tu le sais, comme tu l’as toujours su…
« Goodbye my lover
Goodbye my friend
You have been the one
You have been the one for me...»
(James BLUNT)
Il était par excellence “le lover”, “l’enjôleur” de la maison, toujours le premier à accueillir les visiteurs, même ceux qu’il ne connaissait pas.
Lorsqu’il avait envie de câlins, LOUSTIC prenait toutes les initiatives, il grimpait sur vos bras, sur vos épaules et ronronnait tellement qu’il vous était impossible de résister.
C’est comme ça qu’il a lui-même choisi sa toute première marraine.
Jeanny était venue voir si je pouvais prendre en charge une petite chatte abandonnée dans l’école où elle enseignait. Et LOUSTIC l’a charmée, il l’a littéralement séduite, ne la lâchant pas d’une semelle, restant durant toute la visite sur ses bras en ronronnant.
Il était né à la maison, sa maman chatte de terrain était arrivée enceinte et trop avancée pour tout stopper. Ce sont quatre petits qu’elle a difficilement mis au monde. LOUSTIC était le 3ème à naître et le seul mâle. Il m’a fallu aider sa maman qui paniquait et avait beaucoup de mal de l’expulser, il a fallu faire autant d’efforts pour la 4ème, Tigrette que les plus anciens membres ont connue.
Cela se passait le 12 avril 2002, je m’en souviens encore très bien. C’était la toute première fois que j’aidais une maman à mettre bas, toute seule, comme ça à la maison. Pas en bonne santé, Perrine a à peine eu le temps de sevrer ses quatre chatons avant de quitter ce monde. J’ai donc du prendre en charge totalement les petits et leur apprendre bien des choses que leur maman n’avait pas eu le temps de leur inculquer. Les deux premières filles ont été adoptées, LOUSTIC et Tigrette sont restés à la maison. Voilà pourquoi LOUSTIC était si câlin, si enjôleur, il n’avait connu que nous, tant mieux !
Il m’en a fait voir pourtant ! Il était LE pisseur numéro un de la maison ! Jaloux quand je m’occupais un peu trop des autres ou quand je le contrariais, il se plantait devant moi, me regardait fixement et en piétinant, levait sa queue et ZOU ! Un pipi sur le mur, sur un fauteuil, sur un sac ou tout autre objet à sa portée. Sur le coup, bien sûr, je le grondais, mais LOUSTIC me regardait avec ses si bons yeux, tout en ronronnant et attendait que je le prenne dans mes bras ! Comment voulez-vous lui tenir rancune ?....
Tous les matins, lorsque je me lève, à 5h00, je suis obligée de m’asseoir sur mon fauteuil pour que les habituels viennent me dire un petit bonjour. Mais LOUSTIC était toujours de la toute première vague, lui et rien que des filles avec lui. Lorsqu’il descendait de mes genoux, Chipie, Canelle, Baba, Manon, Noëlle, Minouche et Heidi savaient qu’elles devaient aussi descendre pour laisser la place aux suivants. C’était un rituel bien réglé entre eux, je suppose.
Ah ! Des souvenirs avec LOUSTIC, je pourrais vous en donner pour écrire un livre entier : son abcès sur la joue après qu’il ait dangereusement joué avec une guêpe (cette anecdote a d’ailleurs fait l’objet d’une des histoires pour enfants que j’avais publiées) ; son côté « ferrailleur » toujours prêt à rapporter du promenoir un brin de paille de la niche des tortues, un morceau de ver de terre, une araignée à qui il manquait quelques pattes, un caillou ou une feuille d’arbre… et de préférence tout de suite après que le nettoyage fut terminé.
Toutes ses copines du petit matin sur mon fauteuil, sa maman Perrine et sa sœur Tigrette, il est parti les retrouver, ce week-end de Pâques, victime d’un moche carcinome anal qui lui a envoyé des métastases un peu partout dans le corps.
Ce qui me console c’est qu’il ne souffre plus car ça a été douloureux, extrêmement douloureux, pauvre petit cœur ! Il a amplement mérité sa place au paradis blanc. A un jour futur, mon LOUSTIC ! Je t’aime depuis 17 ans et ta disparition n’y changera rien, ta place dans mon cœur est toujours importante !...
« ...est-ce trop demander sur mon petit lopin
plantez, je vous en prie,une espèce de pin,
pin parasol de préférence,
qui saura prémunir contre l’insolation
les bons amis venus faire sur ma concession
d’affectueuses révérences...»
(Georges BRASSENS)
Mon gros bébé joufflu, comme je l’aimais à l’appeler, m’a quittée d’une manière tellement brutale que, maintenant encore, plusieurs semaines après, je ne m’en remets pas, mais alors, pas du tout !
Un méchant lymphome sur la moelle épinière avec des métastases sur la colonne vertébrale, qui en trois jours me l’ont enlevée au prix d’atroces douleurs !
CANELLE, puisque c’est d’elle qu’il s’agit hélas, était entrée dans ma vie au printemps 2009, dans une caisse à bananes posée tout simplement devant la maison. Un coup de sonnette puis, pfffff…..plus personne ! Classique !
En soulevant le couvercle : surprise : deux petites boules de poils âgées de quelques semaines-une rousse et blanche et une toute rousse- qui m’ont toutes deux sauté dans les bras. Pas du tout sauvages, pas de puces ni de gale des oreilles, bien propres et super câlines, pas de doute, c’était des chatons nés dans une maison, mais qui avaient cessé d’amuser la famille et dont on tenait absolument à se débarrasser.
En dix ans de vie commune, elle m’en a laissé des souvenirs : des frayeurs parfois, mais aussi tellement d’excellents moments !
A peine âgée de six mois, elle m’a fait un A.V.C., la tête complètement penchée sur le côté, elle titubait et ne tenait plus sur ses pattes. Pendant trois jours, j’ai du me balader avec elle lovée dans mon pull car elle était totalement perdue lorsqu’elle ne m’avait pas en visuel. Oh ! J’avais bien acheté un porte-bébé dans une brocante, mais la petite CANELLE y était complètement perdue et paniquait. J’ai donc pensé à la technique de « peau à peau »utilisée avec les nouveau-nés et je l’ai appliquée à ma manière avec ma petite boule de poils toute rousse. Elle ne sortait de son « cocon » que pour manger et faire ses besoins. Je n’ai pas honte de le dire : ces trois jours ont été magnifiques à vivre, même si l’inquiétude était là pour son avenir et les éventuelles séquelles, mais la confiance, la complicité et la fusion qui nous ont unies ces trois jours ont continué pendant les dix ans qu’elle a passés auprès de moi….Par la suite, elle a fait une rechute, moins grave heureusement mais elle est restée fragile bien qu’apparemment bien dodue. Son dossier médical était celui que je montrais en exemple lorsqu’on me demandait des explications sur ce genre de dossier, il était tellement fourni !
Mais la principale caractéristique de CANELLE était son habitude à m’appliquer plusieurs fois par jour ses séances d’acupuncture. Elle s’installait sur mes jambes, puis montait encore un peu et posait ses pattes antérieures de chaque côté de mon cou et pétrissait avec beaucoup de convictions, tout en bavant de bonheur. Elle y laissait forcément des traces, mais cela la rendait tellement heureuse ! Je me souviens d’un médecin qui ne me connaissait pas du tout et m’avait demandé d’un air soupçonneux ce qu’était ces traces de « piqûres » ! J’en ris encore en voyant sa tête !
Mais qu’est-ce qu’elles peuvent me manquer ces séances d’acupuncture ! En plus, j’étais une privilégiée car elles ne s’appliquaient qu’à moi seule !
CANELLE était le seul chat de la maison que je pouvais soigner seule, sans aide pour la tenir, le seul aussi à qui je pouvais seule couper le bout des ongles, nettoyer les oreilles : confiance absolue l’une envers l’autre….
Mon gros bébé joufflu me manque tellement ! Il n’y a pas un seul jour, une seule nuit, depuis son départ, sans que j’y pense….Elle ne souffre plus, c’est ma seule consolation et j’espère que là-haut, dans le grand jardin où n’existe aucune douleur, elle a retrouvé ma maman qui avait tellement de bonheur, pendant ses 3 dernières années de vie qu’elle a passées à la maison à la garder sur les bras, tout en ronrons….A plus tard, mon gros bébé joufflu...
« Le vrai tombeau des morts
c’est le cœur des vivants....»
(Jean COCTEAU)
Elle avait encore toute la vie devant elle, elle était si jeune !
NOISETTE vivait chez nous depuis sa naissance puisque sa maman avait été jetée au-dessus de notre portail d’entrée alors qu’elle était enceinte et tellement traumatisée que toutes nos tentatives pour l’attraper sont restées vaines.
C’est donc dans une de nos niches pour chats S.D.F. qu’elle a mis bas et, pour que nous ne déplacions pas ses chatons, elle les a très rapidement emportés dans un ancien terrier de lapins sauvages déserté par ses anciens occupants.
Ce n’est que lorsque les deux petits (NOISETTE et César) ont eu trois semaines et se sont hasardés à sortir pour jouer au soleil, que nous avons pu les attraper pour les mettre à l’abri dans la maison, après une sérieuse séance de déparasitage (puces, poux, tiques). Leur maman les a rejoints dès le lendemain.
Au début, lorsqu’ils étaient encore avec leur maman, César était le plus farouche, limite agressif, tandis que NOISETTE, accablée par un très gros coryza, devait recevoir quotidiennement des médicaments que je lui donnais par voie orale, même si elle essayait de jouer la fille de l’air, j’y arrivais quand même.
J’ai donc pensé qu’avec le temps, elle se sociabiliserait normalement. Non, malheureusement….
NOISETTE a longtemps suivi pas à pas sa maman (qui ne la regardait plus du tout), puis lorsque celle-ci est décédée, NOISETTE s’est accrochée à Minouche qui lui ressemblait très fort, puis Julie. Ensuite, de disparition en disparition, c’est finalement Chipie qui lui a servi de maman de substitution. Elles étaient toujours collées l’une à l’autre ; et comme elles se ressemblaient fort, les visiteurs les prenaient d’ailleurs pour mère et fille, Chipie effectuant très souvent la toilette de NOISETTE.
De temps en temps, lorsqu’elle était couchée près de Chipie, il était possible de caresser furtivement NOISETTE, pas durant de longues minutes, mais juste deux ou trois caresses, sinon la main s’en sortait dans le meilleur des cas avec 5 griffures bien marquées.
Après le décès de Chipie, NOISETTE s’est complètement renfermée et plus aucune de mes tentatives pour l’approcher n’ont abouti.
Heureusement elle aimait énormément le pâté en tube pour chats, c’est ce qui m’a permis de lui administrer des médicaments à chaque fois qu’elle en avait besoin. Je broyais le médicament et le mélangeais à une petite part de ce pâté en tube pour chats ; je lui présentais en même temps que je donnais, le matin pendant notre petit-déjeuner, le médicament d’Athéna notre chienne et elle dévorait de bon cœur cette mixture sans se rendre compte qu’elle contenait des médicaments ; OUF !
Jusqu’au bout, c’est la technique que j’ai employée, car depuis un certain temps NOISETTE souffrait d’une méchante gingivite. Heureusement, malgré les douleurs que cette dernière lui occasionnait, comme elle était gourmande, et que SON pâté préféré était très appétant, NOISETTE prenait bien sa médication.
Et pourtant, fin février 2019, notre petite NOISETTE a lâché la barre et s’en est allée retrouver à la fois sa maman Diabolo et ses autres mamans de substitution : Minouche, Julie, Chipie et tous ses copains disparus avant elle….
Elle n’aurait eu que 8 ans en juillet prochain….Elle avait encore tellement de belles choses à vivre.
Adieu petite NOISETTE ! Même si tu ne m’as pas accordé la même confiance que ton frère qui maintenant se laisse facilement caresser, je ne risque pas de t’oublier, toi que j’ai recueillie et transportée dans une seule main alors que tu n’avais que trois semaines et que tu ne sortais de ton terrier refuge que depuis quelques jours...
« Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile, C’est doux la nuit de regarder le ciel...»
(Le Petit Prince - A de Saint Exupéry)
C’est toujours dur de voir partir un ami, un membre de votre famille, un être cher de qui vous avez été proche, qui vous a aidé, soutenu moralement dans des moments où vous en aviez plus que tout besoin….
Même si l’âge avancé de cet être cher ne laissait aucun espoir d’avenir, puisque nul d’entre nous n’est éternel.
Comme tous les visiteurs, je me suis étonnée de voir mon PHENIX tenir la forme aussi longtemps, garder sa bonne humeur, son entrain, sa gentillesse.
Des chats âgés, j’en ai déjà eu pas mal, qui atteignaient des âges dit « canoniques » : Mémère, Pussycat, Sarasvaty, Anaïs, Gigi nous ont quittés âgés de 20 ans, 21 ans, 22 ans et ½. Mais pour PHENIX, je voyais les yeux des visiteurs s’agrandir à l’extrême lorsque je leur annonçais qu’il avait atteint l’âge de 24 ans !
Et c’est vrai qu’il n’a longtemps pas « fait son âge ».
Grâce à sa copine de chambre, son infirmière, sa garde-malade, son stimulant, Grisette, il avait survécu sans aucune séquelle à deux A.V.C., il vivait très bien avec un diabète qui était contrôlé et géré régulièrement, à de l’arthrose.
Alors, évidemment, on se laissait bercer par cette illusion d’avenir.
Mais ces derniers temps, il avait baissé la garde, Grisette ne parvenait plus aussi facilement à le motiver à se lever, à aller manger, à fréquenter la litière. Lui qui, même pendant ses deux A.V.C., n’avait jamais eu d’accidents en dehors de la litière, n’y arrivait plus. Il retournait dix fois de suite picorer un peu de nourriture ou boire quelques gouttes d’eau. Comme il tenait absolument à monter sur le lit, je lui avais installé (depuis longtemps) de chaque côté un petit pouf sur lequel il passait avant d’arriver sur le lit. Mais les derniers temps, il s’y arrêtait et y restait couché quelques minutes.
Alors, tous les signaux étaient au rouge et je sentais le moment fatal arriver. Combien de fois ne me suis-je pas couchée en espérant que le lendemain il se serait endormi comme ça, comme la flamme d’une bougie qui s’éteint, sans douleur, sans que je doive prendre cette horrible décision. Quand je le voyais se coucher en gémissant comme une personne qui dit « aïe !
Tous mes os me font mal ! », là, je pensais « allez, demain, il va falloir y aller ! »
Et puis, le lendemain matin, il arrivait vers moi avec son regard presque éteint, mais guidé par sa brave Grisette et aussi par le son de ma voix, il demandait des câlins et je craquais, je ne pouvais pas….Qui suis-je pour pouvoir décider de
laisser vivre un être cher ou de tout arrêter, ses souffrances mais aussi toute sa vie ?
Les derniers jours, j’ai passé de longues minutes près de lui, à le caresser, à le cajoler. Il en avait marre et parfois repoussait ma main. Alors, je me retournais vers Grisette, toujours à ses côtés et j’entamais avec elle un long monologue.
Mais était-ce vraiment un monologue ? Si elle ne répondait pas, en tout cas, elle m’écoutait. Je lui expliquais qu’il n’en pouvait plus, que la meilleure chose à faire pour l’aider, était de mettre fin à ses souffrances. Elle me regardait en clignant des paupières, vraiment comme si elle m’écoutait. En fait, c’était moi que je voulais à la fois convaincre et rassurer.
Et CE jour, elle est restée près de PHENIX et de moi, sur le lit, jusqu’au bout. Lorsque la vétérinaire et moi sommes sorties, elle est restée encore près de son ami, jusqu’à ce qu’on vienne chercher son corps enfin délivré de son arthrose,
de ses douleurs, de sa souffrance.
De PHENIX, je retiendrai sa gentillesse, son courage, sa volonté de venir accueillir les visiteurs plusieurs fois par jour pendant les week-ends de visites. Cela lui a d’ailleurs plusieurs fois provoqué de sérieuses crises d’arthrose ! Mais
rien à faire, même en boitant, il y tenait ! Il me faisait rire quand, après avoir mangé la moitié de sa gamelle, il allait
pousser Grisette pour lui chiper sa part, et elle se laissait déposséder de sa gamelle et attendait qu’il lui en laisse quand même quelques miettes. Il s’endormait sur le lit, en tenant ma main entre ses pattes antérieures, la tête sur mon poignet. Il attendait sagement son injection d’insuline au petit-déjeuner puis filait vers sa gamelle. Je pourrais vous évoquer des pages entières d’excellents souvenirs, il était tellement « spécial », unique, remarquable ce gentil et brave PHENIX ! Maintenant, le soir, lorsque je lève la tête vers les étoiles, je suis rassurée. Ma maman, là-haut, doit le caresser, le cajoler, comme
je le faisais ici aussi.
Mais avant de terminer, je voudrais quand même vous raconter un souvenir très particulier. Il avait un mal fou de marcher, justement un lendemain de week-end portes ouvertes, où il avait terriblement forcé à se lever pour accueillir tous les visiteurs
qui passaient par sa chambre. Ses pattes postérieures étaient gonflées. La vétérinaire, vu son âge déjà avancé (22 ans alors), hésitait à utiliser des antiinflammatoires et autres médicaments qui auraient pu lui faire autant de mal que
de bien. Puis, nous en avons parlé et convenu que j’allais utiliser des poches de glace sous plastique. Vous savez, ce genre de poches de couleur bleue, que l’on place au congélateur ou au frigo pour les refroidir, puis qu’on garde sur la partie
enflée pour l’aider à décongestionner. Pleine de bonne volonté je m’y suis attelée, mais c’était sans compter sur le
caractère de PHENIX ! Cela ne lui faisait pas mal, mais il avait en horreur de rester comme ça, immobilisé ! Alors, il rouspétait, grognait même et battait très vite de la queue ! Grisette venait régulièrement vérifier que je ne lui faisais aucun mal. Je n’ai jamais vu PHENIX ronchonner comme il le faisait ces jours-là ! Comme j’ai une tête très dure, je suis allée jusqu’au bout du traitement, non sans mal ! Il a même été jusqu’à me pisser dessus, de râge ! Mais le plus beau c’est que deux minutes après la fin de ces séances, il remontait sur le lit, et me léchait la main qu’il avait mordue juste avant et me donnait de gros câlins ! Ah ! Mon brave PHENIX ! Et, vous savez quoi ? Je l’ai guéri de ces douleurs grâce à ces poches de glace !
Il me manque ! Mais je sais que de là-haut, il nous protège comme tous les autres qui nous ont quittés avant lui…
2018
… Si j'avais au moins revu ton visage
Entrevu au loin le moindre nuage
Mais c'est à ceux qui se lèvent
Qu'on somme "d'espoir"
Dont on dit qu'ils saignent
Sans un au revoir de croire
Et moi pourquoi j'existe
Quand l'autre dit "je meurs" ?
Pourquoi plus rien n'agite
Ton coeur ? ...
(Mylène Farmer)
Que j’aimerais effacer ce mois d’octobre 2018 !
ELLE m’a quittée !
ELLE s’en est allée, me laissant seule sur le bord du chemin avec ma peine…
ELLE ne vous présentera plus sa rubrique « la petite bibliothécaire ».
ELLE ne m’attend plus sur le bras de mon fauteuil le soir, et ne se laisse plus tomber sur moi en pleine confiance sachant que je la rattraperai de toute façon…
HEIDI et moi étions fusionnelles depuis son sauvetage en novembre 2008.
ELLE était arrivée avec ses deux frères et ses deux sœurs, tous atteints à des degrés divers par un méchant coryza. Les deux garçons, Archibald et Allister, de véritables armoires à glace pourtant les moins touchés par ce mal, nous ont quittés dans les semaines suivantes. Candy, petite femelle tigrée me semblait rapidement remonter la pente et en effet, elle a bien tenu le coup. Quant aux deux petites noires, je n’avais pas trop d’espoir, leurs paupières et narines étaient entièrement collées et leur respiration était tellement faible ! Shadow, la plus fine, s’en est tirée grâce au lait pour chatons qu’elle buvait goulument.
HEIDI ne voulait rien avaler, j’ai tout essayé ! Jusqu’à ce que je mange un petit fromage de chèvre frais et que je lui en propose sur mon doigt (en désespoir de cause) ; et ça a fonctionné ! Pendant plusieurs jours, ELLE n’a léché que du fromage de chèvre frais, et cela lui est resté ! Jusqu’à son dernier jour, ELLE en mangeait quotidiennement. C’était d’ailleurs la seule façon valable de la soigner : broyer ses médicaments et les incorporer dans son fromage de chèvre. HEIDI en a ingurgité un nombre incalculable tous les matins, pendant que je prenais mon petit-déjeuner.
De cette époque est né notre attachement mutuel ! HEIDI me suivait partout, ne faisait confiance qu’à moi pour ses soins. Nous nous comprenions instinctivement. Combien de mes larmes n’a-t-ELLE pas léchées ? Combien de ses douleurs n’ai-je pas apaisées ? Depuis presque deux ans, je lui soignais une insuffisance rénale qui venait de se stabiliser. Et j’en étais tellement heureuse !
Malheureusement, ce foutu cancer s’est emparé de sa mâchoire et l’a entièrement rongée en même pas trois semaines. HEIDI était la petite mascotte de l’asbl et elle ne sera pas remplacée. C’est dans la tour à côté de mon fauteuil que HEIDI a passé ses derniers jours et nuits, à l’abri des courses des chatons, mais suffisamment près de moi pour m’avoir toujours en visuel et attraper ma main pour la réconforter. C’est dans mes bras que ma petite HEIDI s’est endormie, ce funeste 10 octobre 2018, à 4 jours des élections. Ironie du sort, sa sœur, Shadow s’était éteinte un 14 octobre 2012, jour de scrutin électoral aussi.
Depuis cette date, mon cœur se traîne lamentablement et mon fauteuil du soir n’a plus vraiment d’attrait. Malgré sa petite taille, HEIDI prenait une place énorme, sur mes bras, dans mon quotidien, dans mes pensées, dans ma vie toute entière….couchée sur le coin de la table où mes petits-enfants faisaient leurs devoirs, le soir ; assise sur l’arbre à chats à côté de la table du déjeuner, à attendre son fromage de chèvre, la première à miauler près de la porte de mon bureau à l’heure des repas, sur la table de salon de jardin lorsqu’en été, je travaillais dehors. HEIDI est et restera gravée dans mon cœur jusqu’à la fin de mes jours, comme tous les chats que j’ai perdus, mais avec une place très particulière.
Merci mon p’tit cœur pour tout ce que tu m’as apporté en ces dix années !
… Tu n’es plus là où tu étais mais tu es partout là où je suis ...
(Victor HUGO)
VANILLE était réellement un « sauvetage ».
Fin 2005, une ancienne inspectrice d’une S.P.A. montoise m’avait appelée car, se sachant atteinte d’un cancer en phase terminale, elle voulait s’assurer que ses chats recueillis ne finiraient pas en cages. Je dois avouer qu’en arrivant chez elle, je me suis un peu sentie dépassée par l’ampleur du problème. Elle avait accumulé les chats que la S.P.A. ne pouvait accueillir et les hébergeait dans sa maison : les mâles -non castrés- dans les pièces de vie, les femelles -non stérilisées- dans une remise derrière le corps de logis. Quelques jours après son décès, je suis allée chez elle, tous les chats mâles ont été adoptés, mais les femelles sont arrivées chez nous. Le mari, pas attiré du tout par les chats, avait laissé s’échapper VANILLE qui était revenue bien grossie et avait mis bas tout en haut du buffet de la cuisine. Il nous l’avait décrite comme « agressive », mais elle ne faisait que défendre ses petits, et puis il faut aussi voir comment il l’avait accueillie, elle était terrorisée en sa présence ! Après avoir été déparasitée (les puces étaient légion sur son pelage), et avoir reçu un traitement contre la teigne, elle a rejoint ses « sœurs » à la maison, en quarantaine. Coryza, bronchite chronique, rhinite, toutes étaient atteintes à des degrés assez importants. VANILLE en a d’ailleurs gardé des séquelles et a souffert d’emphysème pendant les douze années qu’elle a passées chez nous, malgré les différents traitements appliqués.
Aucun des chats que j’ai hébergés depuis le début de l’asbl n’a été aussi souvent soigné. Elle en avait marre à la longue ! Quand elle me voyait arriver avec mon matériel, elle me fuyait et feulait. Mais quelques secondes après avoir avalé ses différents médicaments, elle me demandait des câlins et venait même se réfugier sur mes genoux le soir lorsque j’étais calmement installée sur mon fauteuil.
Tout comme Cléo, VANILLE faisait partie des chats qui accompagnaient mes repas, collée elle aussi, à ma chaise. Et, tout comme Cléo, elle n’avait pas son pareil pour attraper le petit morceau que j’avais négligemment laissé tomber….
Ironie du sort : VANILLE a suivi son amie Cléo de dix jours, pour entamer son dernier voyage vers le paradis des chats. Elle aussi, c’est cette fichue canicule de juillet 2018 qui l’a emportée. Chaque année, j’ai peur pour mes chats malades chroniques lorsque je la vois arriver, cette chaleur insupportable, mais cet été, il faut avouer que ce fut invivable !
Petite VANILLE a rendu les armes, tout doucement, elle s’est couchée, s’est endormie et s’est éteinte comme la flamme vacillante d’une bougie, elle allait avoir 17 ans. Athéna, qui était sa grande copine a eu bien du mal de surmonter sa peine, tout comme mon petit-fils car VANILLE était sa préférée. Il passait de longs moments à lui parler, à la raisonner lorsqu’elle râlait pour prendre ses médicaments. Il lui expliquait que c’était pour son bien, qu’elle allait respirer plus facilement si elle se laissait faire. Et ma petite VANILLE l’écoutait en le regardant fixement, il semblait y avoir entre ces deux-là une vraie symbiose, un sentiment fusionnel. C’est une relation que VANILLE n’avait jamais dû connaître avant. Je suis heureuse qu’ils aient pu vivre ça l’un comme l’autre…
… Je vous emporte dans mon cœur
Par-delà le temps et l’espace
Et même au-delà de la mort
Dans les îles où l’âge s’efface
Et même au-delà de la mort
Je vous emporte dans mon cœur ...
(Gilles SERVAT)
Cet extrait de chanson va tellement bien à ma petite CLEO, elle qui était le type-même de chaton qu’on a pris parce que « c’est mignon », mais qu’on a balancé dehors quelques mois plus tard, le jouet ne plaisait plus….
CLEO n’avait pas eu beaucoup de moments de bonheur, avant de nous rencontrer. Savait-elle-même ce que signifiait ce mot « bonheur » ? J’en doute !
Un jour très froid et humide de février 2009, nous avions remarqué, sous la voiture du voisin d’en face, une petite boule de poils tricolore trempée et transie. A chaque essai d’approche de notre part, elle s’enfuyait dans le sentier jouxtant la propriété du voisin, donc nous avons préféré la laisser se remettre à l’abri. Le soir, quand le voisin a rentré sa voiture au garage, elle n’y était plus, elle avait compris qu’il y avait près de notre porte des gamelles et une niche accueillante. Il nous fallait user de ruses de sioux pour lui porter à manger et changer les couvertures de la niche lorsqu’elle était partie quelques minutes se dérouiller les pattes, elle n’allait pas plus loin que la ferme de l’autre voisin, ce qui lui permettait de nous observer.
Il a fallu un bon mois pour pouvoir l’approcher, la caresser et enfin, l’attraper pour la faire entrer à la maison. Durant ce temps, elle avait été soignée de son coryza par des médicaments broyés et dissimulés dans ses gamelles, et heureusement, comme elle était affamée, elle avalait tout.
La petite CLEO n’avait que six mois et avait une énorme peur des balais, raclettes, et tout ce qui ressemblait à un bâton. C’était significatif ! Elle avait du être chassée, poursuivie, battue peut-être. En l’attrapant, nous avions remarqué son œil gauche que la troisième paupière recouvrait entièrement. C’est le jour de sa stérilisation que le vétérinaire de l’époque l’avait opérée, mais cela ne servit à rien, elle se recolla irrémédiablement. Cela n’empêchait pas CLEO de se balader, jouer et ronronner comme elle savait si bien le faire. Pendant les 9 années qu’elle a passées chez nous, elle est devenue un vrai petit pot de colle, pas avec les visiteurs, elle restait sur la défensive, mais avec nous. Il fallait que je fasse très souvent attention pour ne pas lui marcher dessus, elle se collait à mes jambes en ronronnant, elle me fixait pendant tout mon repas toujours en ronronnant, elle attendait tout près de mon fauteuil, patiemment, que les autres chats me libèrent une main et que je puisse la caresser.
La folle canicule de juillet 2018 aura mis fin à tout cet amour, CLEO a succombé à un infarctus, déjà affaiblie par des ennuis respiratoires, elle n’a pas su résister et cette torpeur de chaleur dans laquelle nous étions tous plongés n’a rien arrangé. Les repas ne sont plus pareils, je la cherche près de ma chaise, quand j’amène les gamelles, instinctivement, je regarde à mes pieds pour voir si elle n'est pas là. Lorsque les chats sont sur moi au fauteuil, je libère ma main gauche et j’attends en la laissant pendre, mais CLEO ne vient pas y poser sa petite tête et caresser ma main. En me quittant, elle a emporté avec elle une grande part de mon amour, une grande part de moi-même……..une cicatrice supplémentaire sur mon cœur qui en compte déjà tellement……..
…La mort est une surprise que fait l’inconcevable au concevable....
(Paul VALERY)
BOULETTE est arrivée à la maison le 21 avril 2015, suite au décès de sa maîtresse. Elle était accompagnée de Féline et de ses deux enfants : Colombine et Jack. Promesse avait été faite à leur maîtresse de tout mettre en œuvre pour ne pas les séparer, ils avaient vécu ensemble depuis toujours. Difficile à tenir ! Les divers refuges et associations contactées étaient réticentes, les particuliers frileux quant à adopter quatre chats adultes en une seule fois !
Mais cette famille féline m’avait touchée en plein cœur et, même si je savais qu’introduire en une seule fois quatre nouveaux chats dans ma propre famille ne serait pas de tout repos, j’ai décidé de sauter le pas et d’accueillir ceux que désormais j’aller surnommer « les quatre mousquetaires »…
Des quatre, BOULETTE était LE caractère le plus marquant : pas méchante pour un sou, mais lorsqu’elle avait décidé de faire ou de ne pas faire quelque chose, peine perdue pour lui faire changer d’avis ! Dès la toute première tentative, la vétérinaire et moi, nous avons compris que les visites ne seraient pas banales. Durant les trois années qu’elle a passées à la maison, BOULETTE m’a uriné dessus un nombre incalculable de fois, elle m’a lacéré bras et jambes aussi à plusieurs reprises, mordu, craché dessus, grogné, j’en passe et des meilleures ! Mais ce ne sont que de petites anecdotes dont je me souviens maintenant en en riant. Aussitôt la visite terminée, elle me regardait d’un œil de travers mais se laissait caresser et donnait même sa tête pour apprécier le câlin.
Pour encore corser la situation, BOULETTE avait hérité d’un poil mi-long à la texture assez fine et qui s’emmêlait facilement ; il fallait donc souvent la brosser et elle avait une sainte horreur de ça ! Là aussi, je me suis fait injurier, elle m’a sorti tous les jurons félins qui peuvent exister ! Mais à côté de ça, BOULETTE c’était un petit concentré de bonheur, de tendresse, de confiance. Quand elle était couchée sur le fauteuil près du mien et que je passais ma main par-dessus la séparation, elle se roulait sur le dos pour m’offrir, dans un grand concert de ronrons, son ventre tout doux, tout chaud et elle enserrait ma main pour la garder auprès d’elle. Aux moments des repas, elle avait ses habitudes : je DEVAIS commencer la distribution des gamelles par elle sinon, son concert de miaulements se faisait de plus en plus en mode mineur et les baffes pleuvaient. D’ailleurs, les autres chats ont vite compris et la laissaient passer, s’écartant pour ne pas la déranger ! Ah ! Ma petite BOULETTE ! Elle était unique, plus jamais je ne retrouverai une chatte qui lui ressemblera !
Le mercredi 28 mars, lorsque je me suis levée, à 5h00, je l’ai trouvée couchée comme elle l’était la veille, mais la vie avait quitté son petit corps, en douceur, discrètement, son cœur s’était endormi pour toujours. Quel choc ! Et moi qui croyais qu’elle faisait la grasse matinée ! Depuis, les distributions de gamelles sont fades, les soirées sont fades, elle manque à tout le monde ! Tu es partie retrouver ta maman, là-haut, ainsi que ton parrain à qui tu avais rendu un vibrant hommage dans le dernier trimestriel, petite BOULETTE, mais veille maintenant sur les trois autres mousquetaires qui se sentent orphelins ainsi que tous les autres chats et sur ta « maman de cœur » à qui tu manques terriblement...
…Un seul être vous manque….et tout est dépeuplé !...
(Lamartine)
Petite boule de poils blancs et noirs, BABA est arrivée un jour dans les bras de son maître qui l’avait recueillie toute petite. Il l’avait élevée au biberon car sa maman avait été écrasée ; la petite et lui étaient donc très attachés l’un à l’autre.
Hélas, la famille de ce monsieur lui a exercé un odieux chantage lorsqu’un bébé est né prématurément. Ou il se « débarrassait » de son chaton ou il ne voyait pas le bébé de son frère. Dilemme terrible auquel il a essayé de résister mais en vain…
Je me souviens du regard de la petite lorsque, sur l’appui de fenêtre, elle a regardé s’éloigner la voiture avec son maître à l’intérieur ! Toute la tristesse du monde y prenait place.
Après s’être acclimatée, elle a été proposée à l’adoption et adoptée rapidement. Mais elle est revenue aussi rapidement : 3 jours c’était trop patienter pour qu’un chaton s’habitue et les gens étaient pressés ! Une deuxième adoption s’est tout aussi mal passée : là on l’a accusée d’avoir « lacéré les rideaux, détruit un salon en cuir et une veste en cuir » et tout cela en quelques jours aussi ! Non mais j’hallucine ! Je suis moi-même allée la récupérer et lui ai bien promis qu’elle n’aurait plus jamais ce souci puisqu’elle resterait à vie chez Chats Sans toit !
BABA était une petite chatte pleine de vie, pleine de joie malgré ses débuts dans la vie très difficiles. Elle
était aussi très coquine avec les autres chats tout comme avec les gens, mais il fallait juste essayer de la comprendre et d’agir en conséquence. Lorsqu’elle avait envie de calme pour se reposer,
pourquoi aller l’ennuyer ?
Le soir, lorsqu’elle venait se coucher sur mes genoux, en compagnie de Chipie, elle aimait avoir SA place habituelle et il ne fallait pas l’ennuyer, voilà tout ! Il existait entre elles une
complicité qui laissait à chacune son indépendance tout en étant d’une certaine façon assez complémentaires. C’est difficile à expliquer, mais cela sautait aux yeux lorsqu’on vivait avec
elles.
Avec Manon, cela ne se passait pas trop bien car elle adorait ennuyer BABA et la déranger. Par contre Athéna était le grand amour de BABA. Lorsque la chienne rentrait de son petit tour au jardin, automatiquement BABA se précipitait pour lui laver les pattes, les oreilles et la tête, comme elle l’aurait fait avec son bébé. Et, évidemment, la chienne entrait dans la combine et se laissait faire… Depuis très jeune, BABA avait des soucis de dermite et était bien soignée. Hélas, ce qui avait un effet positif pour cette pathologie en avait un assez négatif pour ses reins et c’est cela qui nous l’a emportée en ce premier trimestre de 2018. TOUT a été tenté pour la sauver, mais lorsqu’on s’aperçoit que plus rien n’agit et qu’on va droit dans le mur, il faut savoir prendre cette atroce décision qui me fait passer des nuits blanches. Et puis, il arrive un moment où même le chat semble le demander……….BABA nous a donc quittés à l’aube de ses 14 ans, trop tôt, trop vite, trop injustement. Elle a suivi de peu sa grande amie Chipie et je vous jure que le soir, mon fauteuil me semble tellement inhospitalier sans ces deux petites boules de poils qui ne m’attendent plus…
…Ecoute ce qu’il reste de nous, immobile et debout
Une minute de silence, ce qu’il reste c’est tout,
De ces deux cœurs immenses et de cet amour fou
Et fais, si tu y penses, en souvenir de nous
Une minute de silence...
(Michel BERGER)
Ce n’est pas une seule minute de silence que je voudrais faire, mais une tonne de minutes, tellement mon chagrin et ma douleur sont immenses !
CHIPIE m’était arrivée à peine âgée de quelques semaines, en juin 2003, trouvée près de l’Ecole Normale de Mons. Immédiatement, elle m’avait séduite, enjouée, sympathique, gentille avec les autres chats et aussi avec tous les humains. Normalement elle était proposée à l’adoption, mais je dois vous avouer qu’à chaque fois qu’un candidat se présentait pour le choix, je le poussais à fond vers un autre chaton. Jusqu’au jour où je l’ai fait passer dans l’autre partie de la maison, avec les chats non adoptables. C’était un choix, le mien, et je ne l’ai jamais regretté. CHIPIE était devenue, avec Heidi, un des piliers de mon moral. Chaque fois que j’étais triste, surtout lorsque je perdais un chat, elle le sentait et le soir venu, lorsque je m’asseyais sur mon fauteuil, elle m’y attendait lovée contre moi toujours sur le bras droit du fauteuil ; elle posait ses deux pattes antérieures sur mon bras et restait comme ça, des heures durant à ronronner et à me lécher la main. Quand les larmes coulaient de mes yeux, elle grimpait un peu plus haut et me léchait le visage inondé tout en ronronnant contre mon oreille.
Si j’étais malade, elle se blottissait contre moi ou sur mes épaules. Quel que soit l’endroit où j’allais, elle me suivait ! C’était parfois même étonnant et il fallait le voir pour le croire.
Lorsque je lavais les fenêtres intérieures du living, elle me suivait, se couchant d’abord sur les arbres à chats près de la grande baie vitrée de devant, puis évoluant en même temps que moi elle se déplaçait jusqu’aux arbres à chats près de la porte-fenêtre ; et me suivant même jusqu’à la pièce arrière où elle se faisait une place devant la grande baie vitrée donnant sur le promenoir. Elle n’y dormait pas, non, elle me regardait tout simplement. Et si je ne lui donnais pas, de temps en temps, une petite marque d’attention, elle se manifestait…
Depuis deux ans, elle était soignée pour une hyperthyroïdie et c’est ce qui l’a précipitée vers la fin. Elle s’est éteinte dans mes bras, en cette fin de février, beaucoup trop tôt pour moi, beaucoup trop vite…
Là-haut, ma maman doit l’avoir accueillie à bras ouverts ; lorsqu’elle a passé à la maison les trois dernières années de sa vie, CHIPIE était une des premières à venir se blottir sur ses genoux et y restait des heures durant. Brave petit cœur !
Tu me manques tellement ma chipie ! Heidi est toute déstabilisée et moi aussi…
…On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va……
(Jacques PREVERT)
Les visiteurs de notre marché de Noël ont vu que je n’étais vraiment pas en forme ce week-end-là ! Il faut que je vous explique que la veille, vendredi en fin d’après-midi, il m’avait fallu dire adieu très brutalement à notre PUPUCE.
Le matin, il était venu chercher ses snacks avant son petit-déjeuner, comme tous les matins. L’avant-midi s’était déroulée tout à fait normalement et ce n’est que durant l’après-midi déjà bien installée que PUPUCE nous a fait une embolie pulmonaire qui, malgré les efforts de notre vétérinaire arrivée sur place à mon appel, nous l’a emporté en quelques minutes.
Des décès de mes chats, j’en ai déjà vécu (et beaucoup trop pour mon cœur de maman-chat), mais celui-ci m’a choquée au plus haut point : la rapidité à laquelle c’est arrivé, la violence de cette crise et puis l’issue fatale…
PUPUCE n’aura finalement même pas passé une année chez nous. Certes, il avait un caractère fort trempé, il ne s’en laissait pas compter ; lorsqu’il convoitait une place bien au chaud, impossible de lui tenir tête ! Et vu sa corpulence, aucun chat n’était de taille pour lui résister.
Mais il s’était habitué tellement facilement à sa nouvelle maison, à ses nouveaux copains, à nous. Au bon temps, le promenoir lui permettait de se défouler, de se rouler dans l’herbe, de surveiller les oiseaux tout en ayant l’air de dormir au soleil….Il avait passé deux années en pension, quand sa maîtresse était entrée au home provisoirement. Puis, il était venu chez Chats Sans Toit lorsque tout est devenu définitif. Et, dès le premier jour, il nous a donné de l’affection, de l’amour, du bonheur. La preuve, en quelques semaines, il avait trouvé deux marraines ! Il faut dire qu’il était remarquable : lorsqu’il se couchait en plein milieu du salon, pas question de bouger pour laisser passer les visiteurs, il fallait juste l’enjamber, mais attention ! Sans le frôler sinon, sa patte avant vous en faisait la remarque, et elle partait vite, très vite ! Il en a séduit des visiteurs ! C’était un brave gamin, qui vivait sa petite vie à son rythme, comme il l’entendait. Et, certains soirs, lorsqu’il l’avait décidé, c’était lui et uniquement lui qui pouvait bénéficier de mon fauteuil, j’avais (heureusement) le droit de l’asseoir dans le fauteuil jumeau et, en même temps, je pouvais le caresser. Autant joindre l’utile à l’agréable !
Il me manque terriblement mon beau, mon brave PUPUCE ! Tout comme il manque terriblement à sa maîtresse qui l’avait recueilli tout jeune.
De là-haut, au paradis des chats, je suis certaine qu’il doit continuer à surveiller ce que ses copains font ici….
Adieu mon beau, mon brave, mon grand PUPUCE ! Nous ne nous sommes pas connus longtemps, mais notre relation a été intense et sincère ! Tu resteras à jamais dans mon cœur ! Je t’aime !
…Si l’on dit que l’amour est plus fort que la mort
Moi j’ai le cœur trop lourd pour l’accepter encore
Car rien ne nous prépare aux deuils de la vie
A ce lieu où tu pars qu’on appelle l’infini…
(Céliane)
En décembre 2001, j’avais reçu un monsieur qui m’avait amené les 3 chatons que son chat avait eu « par erreur » : 2 femelles et un mâle. Les deux femelles assez sociables n’ont pas tardé à intéresser des adoptants. Malheureusement, le mâle, pas du tout sociabilisé feulait et grognait dès que les gens approchaient ! Et pourtant il était magnifique ce BUMBA avec ses grands yeux bleus et son pelage gris tigré si régulier !
Il est donc resté chez nous et cela n’a posé aucun problème. Avec les autres chats il était adorable notre BUMBA !
Il a même réussi à se trouver une marraine, une dame au grand cœur qui se fichait pas mal qu’il vienne ou pas demander des caresses, tout ce qu’elle voulait c’est que quelqu’un d’autre que moi se préoccupe de lui, de ses besoins, de son anniversaire……
Je ne vous raconterai pas le cirque qu’il a fallu faire pour l’embarquer lors de notre déménagement vers la maison actuelle : attraper BUMBA, réussir à le faire entrer dans un panier de transport et l’amener à la nouvelle maison fut le marathon du jour !
Il a fallu plus de dix années pour réussir à ce qu’il se laisse caresser, il venait même sur mes genoux, le soir lorsque je lisais ou regardais la télévision. J’étais même arrivée à pouvoir le soigner lorsqu’il était malade : je broyais le comprimé, le mélangeais à du lait sans lactose, aspirait tout ça dans une seringue (sans aiguille) et lui mettais entre les dents pour lui faire avaler la mixture. BUMBA ne m’en voulait pas, ne se rebellait pas, il semblait comprendre que je faisais tout ça pour son bien…Mais, heureusement, il était très rarement malade !
Ces derniers mois, pourtant, on l’a vu décliner, maigrir à vue d’œil. Il sortait le matin, s’étalait au soleil et ne bougeait plus de la journée. Le soir, il rentrait, buvait, mangeait à peine, puis se couchait jusqu’au lendemain matin. Il acceptait encore une petite caresse, mais je n’osais pas trop peser de la main, son petit corps était devenu tellement frêle et décharné….
Il nous a quittés un matin, très tôt, juste un peu après mon lever, comme s’il voulait une dernière fois me dire bonjour et recevoir un bisou, une caresse, un regard, il s’est endormi et ne s’est plus réveillé….Il est parti aussi discrètement qu’il a vécu chez moi pendant 16 ans.
Il a laissé derrière lui un vide immense pour ses copains Zébulon, Eglantine, César et pour moi un énorme trou dans le cœur, trou qui jamais ne se comblera.
Adieu mon BUMBA ! Veille sur nous tous de là-haut !...
...pourquoi sans prévenir un jour tout s’arrête
Et vous laisse encore plus seul sur terre
Sans savoir quoi faire….Tu ne m’as pas laissé le temps
De te dire tout c’que je t’aime et tout c’que tu me manques
On devrait toujours dire avant
L’importance que les gens prennent
Tant qu’il est encore temps…
(David Hallyday)
J’étais si fière de vous présenter, dans le dernier trimestriel, mes trois chatons ex-S.D.F. attrapés dans la cage-piège et de vous dire qu’ils avaient reçu le feu vert pour sortir d’observation et rejoindre les autres chats de la maison !
Malheureusement ce bonheur n’aura duré qu’une quinzaine de jours…
Une visite a tout gâché ! Apparemment une personne a amené un virus terriblement virulent. Plusieurs de mes chats ont été atteints à des degrés divers, mais les trois chatons, de par leur manque d’immunité (maman SDF, consanguinité apparente,etc) ont été salement arrangés. Hospitalisés, on a espéré qu’ils s’en sortent tous les trois. Malheureusement, PIVOINE, petite femelle, dernière de la portée et plus chétive n’a pas quitté son lieu d’hospitalisation, elle nous a quittés trois jours après avoir commencé son traitement. C’était un mardi et je les avais emmenés en urgence le dimanche.
Le lendemain, mercredi, c’est LILAS qui s’en est allé, au bout du rouleau, sans aucune force, malgré la réhydratation et les seringues d’eau que je lui faisais avaler. J’ai tout essayé comme nourriture des plus solides aux plus liquides…Rien à faire…
Il ne me restait plus que CASSIS, le plus costaud des trois et c’est cela qui l’a sauvé ! Il a tenu bon, il est maintenant avec les autres chats de la maison avec qui il a du courageusement se réhabituer après quinze jours d’isolement complet.
J’aurais tellement aimé pouvoir jouer avec LILAS et PIVOINE, les apprivoiser complètement, leur apprendre la confiance, le bonheur, la joie de vivre dans une maison…. Cette fin d’été a été pourrie, la plus moche et la plus désastreuse depuis de nombreuses années…. Je ne me remets pas de leurs départs.
Après avoir tellement galéré pour les attraper, les sociabiliser, leur donner un peu confiance en moi, leur avoir appris l’usage de la litière, les avoir attraper dans leur cage d’isolement pour les transporter au living, avoir passé des nuits à les entendre souffler et miauler car les adultes les regardaient de travers, puis les avoir vus doucement s’adoucir et prendre leurs places dans ma maisonnée, il a fallu cette saleté de virus qui a tout anéanti en quelques jours, en quelques heures…
...Vole, vole, petite sœur
Vole mon ange, ma douleur,
Quitte ton corps et nous laisse
Qu’enfin ta souffrance cesse
Va rejoindre l’autre rive
Celle des fleurs et des rires
Celle que tu voulais tant…
(Céline Dion)
CHOCOLAT était arrivée en 2015, quelques temps après le décès de sa maîtresse.
Ma cousine m’avait appelée pour me demander si je pourrais trouver une solution pour le chat de sa maman qui venait de décéder. Elle n’était pas spécialement amitieuse, plutôt fuyante. Elle filait dès que quelqu’un entrait dans la maison, ne cherchait absolument pas les câlins ni même une présence. Et pourtant près de sa maîtresse, elle dormait paisiblement, il ne fallait évidemment pas qu’elle la caresse trop longtemps : une ou deux caresses tout au plus….
Je l’ai donc prise en observation, pensant l’héberger dans une des chambres pour chats âgés.
Puis, en allant lui tenir compagnie, en lui parlant, en refaisant tous les jours les mêmes gestes, en lui parlant tout doucement (comme sa maîtresse devait certainement lui parler), CHOCOLAT s’est dégelée. Elle a commencé petit à petit son long travail d’approche, elle m’a apprivoisée, elle m’a séduite, elle m’a enjôlée….CHOCOLAT était une perle, un diamant à l’état pur. Elle avait tellement d’amour à donner, mais il fallait savoir comment l’aborder. Finalement elle n’a jamais rejoint une chambre pour chats âgés, elle était bien trop éveillée, elle adorait jouer au football, organiser un safari- souris en tissu, ou bien un concours de grattage de poteaux d’arbres à chats. Et dans la longévité, elle était bien souvent la gagnante, essoufflant au passage les jeunots que sont Zébulon, Canelle, Noëlle et autre César qui n’en revenaient pas !
Elle a donc passé deux années avec nous au living, courant dans la plaine de jeux, poursuivant les papillons, se faisant dorer au soleil, s’aplatissant au maximum pour passer inaperçue lorsqu’elle se pourléchait à l’avance en miaulant devant un oiseau perché sur le toit du promenoir….
Lorsqu’elle a contracté une gingivite chronique et qu’il a fallu la soigner, elle était très fâchée sur moi, soufflant, grognant même pendant les soins ! Mais aussitôt terminés, CHOCOLAT avait tout pardonné et venait se frotter à moi ! Les soirées avec CHOCOLAT sur le bras de mon fauteuil ou carrément sur mes jambes étaient un délice ! Enfin, jusqu’au moment où je devais rejoindre mon lit car l’heure avançait. Là, elle me montrait sa désapprobation. Même Athéna, notre chienne, comptait parmi ses copines. Le matin, CHOCOLAT, après m’avoir dit bonjour, lui offrait un câlin bien appuyé sur la tête. Inoubliable, cette petite perle ; sa confiance, son amour, sa gentillesse, ses jeux, tout me manque depuis ce jour de mon anniversaire où j’ai du prendre l’horrible décision de la faire endormir pour abréger ses souffrances. Les résultats de la prise de sang ne laissaient pas de doute, on allait droit dans le mur ! Elle s’est endormie blottie dans mes bras, pendant que je lui chuchotais que je l’aimais et la remerciais de tout ce qu’elle m’avait donné en deux ans….Elle est partie tout doucement sur la pointe des pattes, retrouver sa maîtresse. Elle a du en avoir des choses à lui raconter : deux années de péripéties chez Chats Sans toit !......
Adieu ma petite perle ! Tu ne souffres plus, tu as retrouvé ta maîtresse et ses câlins. Ici, tu manques terriblement, mais le souvenir de tes jeux, de tes caresses, de tes longs moments de sieste au soleil sont toujours tellement présents et m’aident à tenir le coup !
...Même s’il me faut lâcher ta main
Sans pouvoir
te dire à demain
Rien ne défera jamais nos liens.
Même s’il me faut aller plus loin
Couper les
ponts, changer de train
L’amour est plus fort que le chagrin.
L’amour qui fait battre les cœurs...
(Françoise Hardy)
GIGI, mon brave GIGI, mon vénérable aîné de 23 ans et 3 mois, m’était arrivé en 2009.
J’étais allée le chercher dans l’appartement de sa mémé, un appartement très calme, très gaufré au 4ème étage d’une tour de Mons. Elle était hospitalisée et ne
pouvait plus vivre seule, mais refusait son entrée au home tout simplement car elle s’inquiétait de l’avenir de son chat, sa seule compagnie. Son administratrice
de biens n’y allant pas par quatre chemins avait résolu le problème en deux secondes : « on va faire piquer son chat comme ça on sera tranquilles ! » L’assistante sociale du home lui a demandé trois jours pour trouver une solution mais cela était ardu ! Aucun des refuges contactés ne voulait se charger d’un chat de 15 ans, qui plus est, sans aucun héritage derrière lui !
C’est alors qu’elle m’a contactée et que nous avons évalué la situation ensemble. Deux jours plus tard j’allais chercher GIGI et je l’amenais chez moi. En pièce d’isolement se trouvait une petite maman de 2 ans, avec son gamin juste âgé d’1 an : Grisette et Martin. Ils étaient arrivés quelques jours avant. Et, tout de suite, ils ont sympathisé. Le temps de l’observation passé, je leur ai ouvert la porte qui les séparait du groupe des chats hébergés. Si Martin s’y est fait rapidement, GIGI et Grisette se sont toujours arrangés pour retourner dans leur pièce d’isolement, même en passant par un tout petit espace tout en haut de la porte. Ils sont donc restés ensemble et c’est ensemble qu’ils se sont habitués. Lors de notre déménagement, ils ont été séparés, mais l’un comme l’autre se laissaient aller, et n’ont recommencé à manger et à vivre que lorsque je les ai réunis dans cette chambre que tous les visiteurs connaissent bien.
Ah ce couple idéal autant qu’atypique : un chat de 23 ans et 3 mois et une chatte de 10 ans bientôt, cela faisait sourire mais tendrement, elle l’a aidé tellement de fois, lors de son A.V.C., mais aussi lors de toutes ses crises d’arthrose, elle l’obligeait à bouger, à aller jusque la gamelle, à changer de panier….
Depuis quelques jours, il se traînait, ne mangeant plus grand-chose, buvant à peine, dormant plus que de nature. J’ai compris qu’il n’était pas loin de la fin. Grisette l’avait compris également, le suivant quand il titubait, lui faisant sa toilette comme au temps de son accident vasculaire. Et le mardi 22 août, il n’en pouvait plus, j’ai alors pris LA décision qui me coûte tellement ! Fin de journée, j’ai appelé la vétérinaire et lui ai demandé de passer le lendemain pour l’endormir en douceur. C’est près d’eux que j’ai passé ma soirée, et une partie de ma nuit.
Il était en hypothermie. Mais combien de fois ai-je espéré qu’il n’attendrait pas le lendemain, que son cœur s’arrête tout seul pendant son sommeil, pour ne pas devoir faire intervenir la vétérinaire, ce qui, je le craignais, pourrait apeurer ma brave Grisette. J’avais tellement peur de sa réaction !
Comme il était couché dans son panier préféré, la tête posée dans la paume de ma main, je le caressais et lui parlais doucement, il ronronnait. Je crois bien lui avoir répété cent fois au moins que je l’aimais, que je ne l’oublierais jamais, qu’il pouvait se laisser aller s’il sentait que c’était le moment, qu’il avait été tellement courageux et qu’il méritait bien de se reposer, que je lui promettais de m’occuper de Grisette. Il me regardait en ronronnant et en clignant des yeux car il adorait se faire cajoler ! Grisette ne ratait rien de la scène, elle était assise juste à côté du panier de son ami…
C’est vers 2h30 que GIGI s’est assoupi dans un coma irréversible et ne s’est plus éveillé. Le matin Grisette et moi-même étions dans le même état ; comme anesthésiées, dans le coton, muettes, alors que nous nous parlions si souvent et tellement, mais aussi soulagées : il se reposait enfin et il allait retrouver sa mémé.
C’est vers le 9 septembre 2002, en pleine canicule que ma petite MINOUCHE était arrivée dans ma vie.
Son frère, chaton de quelque mois, avait été trouvé au cimetière du village, emberlificoté dans un fil de fer qui lui avait d’ailleurs blessé la nuque. Des enfants avaient prévenu leur maman et
ils me l’avaient amené à la maison, en me disant qu’il y en avait un deuxième, tout pareil, mais qu’il s’était enfui….Quelques jours plus tard, c’est mon brave S.D.F. de l’époque qui me
l’avait amené ce deuxième tout pareil, sauf que c’était une chatonne et qu’elle subissait déjà ses premières chaleurs !
Elle était adorable et s’est immédiatement habituée à la maisonnée et a surtout pris toutes ses aises. Le lendemain de son arrivée, elle était stérilisée, bien sûr !
Toute sa vie, MINOUCHE a été un petit amour avec moi, même si, avec les autres personnes et surtout avec les autres chats, elle avait souvent des réactions assez inattendues. Dès qu’il y avait une dispute ou un début de bisbrouille entre plusieurs chats, MINOUCHE sautait à pattes jointes au milieu du groupe et distribuait des baffes à tout le monde !
Mais, avec moi, je n’avais pas le temps de lui adresser la parole ou même de la regarder, elle commençait à émettre son ronronnement tellement sonore qui n’appartenait qu’à elle…
Depuis qu’on lui avait diagnostiqué son insuffisance rénale grave couplée à une hyperthyroïdie, nos relations s’étaient encore amplifiées. Quand elle était mal, il suffisait que je m’asseye sur mon fauteuil, elle y sautait immédiatement et venait poser sa petite tête dans la paume de ma main en ronronnant, on aurait dit qu’elle se ressourçait, en tout cas, elle se calmait et finissait toujours par s’endormir.
C’est le 29 mai, après ce fichu week-end torride, qu’elle nous a quittés ! Cette saleté de chaleur insupportable l’a complètement achevée, elle n’en pouvait plus de décliner. Elle n’aura survécu à son copain Joli Bébé que de quelques semaines. Là-haut, je suis certaine que son frère Canaillou l’a accueillie à pattes ouvertes, ils s’entendaient super bien tous les deux.
Même si je sais que c’était la meilleure solution pour elle, cette décision m’a coûté quelques nuits blanches ! Le réel moment adéquat était-il vraiment arrivé ? Et si j’attendais encore un jour ou deux ? Mais ma petite MINOUCHE, par ses regards, par ses miaulements, par ses caresses appuyées et sa façon de me suivre partout comme un chiot en demande d’aide, m’a bien fait comprendre qu’il était temps ! Elle s’en est allée en quelques secondes, noyée sous mes bisous et mes adieux. Pour elle, toute souffrance était terminée, pour moi cela commençait….Une place vide de plus le soir, sur mes genoux, des ronrons et des câlins en moins, il ne me reste que des souvenirs, des photos, des bons moments que je me remémore souvent depuis son départ. Je ne suis pas là de l’oublier, ma petite MINOUCHE ! Elle sera à tout jamais dans mon cœur autant que dans mes meilleurs souvenirs !
...Parce que c'était Lui, parce que c'était moi !...
(Montaigne)
Depuis un peu plus de dix-huit mois, JOLI BEBE était soigné pour une hyperthyroïdie et en même temps pour une insuffisance rénale. Les médicaments n’étaient pas particulièrement agréables à ingurgiter, mais avec un peu d’imagination, je lui ai fait prendre dans des aliments qu’il appréciait tout spécialement. Lorsque l’appétit n’était pas de la partie, je lui broyais les médicaments et lui mélangeais à du lait sans lactose que je lui faisais avaler via une seringue sans aiguille, jamais il ne m’a griffée ou mordue ; à peine sa mixture ingurgitée il me demandait des câlins.
C’était un réel petit amour ce petit bonhomme qui m’était arrivé en septembre 2007, accompagné d’Anaïs, Rouquine et Boubouille.
Leur mémé était entrée en maison de repos et il fallait trouver un home également à ses petits amours à quatre pattes. JAMAIS je n’ai regretté de les avoir acceptés, ils m’ont apporté tellement d’amour, d’affection, de reconnaissance, de bonheur !
JOLI BEBE je l’ai très rapidement appelé J-B, et il reconnaissait ses deux « prénoms », tout au bout du promenoir il se tournait vers moi si je prononçais juste « J-B ». Il s’est envolé ce mardi 11 avril vers des cieux plus cléments où il ne souffre plus, où il a certainement retrouvé ses « sœurs », ses copains Bagghera, Mr Pitou, Tom Pouce, Skippy, Looping et tant d’autres….
Ce fut une journée terriblement noire pour moi que cette journée de mardi 11 avril, et je ne parle ni de la nuit qui a précédé ni de la suivante.
A quelques jours près, il aurait atteint l’âge de quatorze ans !
Maintenant, même si la douleur est toujours aussi présente, je sais que mon J- B chéri est mieux, il est soulagé et, de là-haut, veille sur tous les autres chats et sur moi-même !
Adieu mon JOLI BEBE ! Ta place est toujours dans mon cœur, tu ne seras jamais remplacé ni oublié !
...Rien n’est éternel, sauf peut-être le souvenir qu’on laisse…
PINOCCHIO était une petite chatte très calme, peu de visiteurs l’ont aperçue, elle se cachait dès qu’elle entendait des voix inconnues.
C’est en décembre 2010 qu’elle m’était arrivée, depuis la même maison tombée en ruines que Léa. Leur « frère » avait été recueilli par une autre association, mais les dirigeants avaient trouvé les filles « pas assez jolies pour être adoptées », donc elles avaient atterri chez moi !
Après que Léa ait été capturée, PINOCCHIO avait lourdement paniqué donc s’était enfuie. C’est donc à l’aide d’une cage-piège que la dame qui me l’a amenée l’a attrapée, mais elle y est restée coincée durant 24 heures ! Aussi, à son arrivée, PINOCCHIO était dans un état d’énervement très compréhensible et dès l’ouverture de la porte, elle s’est défoulée sur ma main et mon bras.
Pas grave ! J’ai l’habitude ! Pour moi, le principal était qu’elle s’entende avec mes autres chats et de ce côté-là, il n’y a eu aucun souci !
Depuis 2011 pourtant, il y avait un changement, je pouvais caresser PINOCCHIO lorsque je lui portais sa gamelle, et depuis 2014, elle venait même me chercher et m’appeler derrière la porte de la cuisine, le matin, lorsque je coupais leurs tranches de rôti en petits morceaux. Elle me suivait en miaulant et ne me lâchait pas d’une semelle jusqu’à ce que je remplisse sa petite assiette.
Malheureusement, dernièrement, j’ai remarqué qu’elle présentait tout à fait les mêmes symptômes que Minouche au point de vue hyperthyroïdie et insuffisance rénale. Comme il n’était pas possible de l’attraper pour lui faire une prise de sang, nous avons donc mis en place le même traitement que pour Minouche. Mais en cette mi-janvier, les reins de PINOCCHIO l’ont lâchée et il a fallu lui dire définitivement adieu ! Sa dernière soirée, elle l’a passée entre Athéna et moi, sur le bras droit de mon fauteuil, elle ronronnait en bavant sur mon bras, et le lendemain, c’est en ronronnant sur mes bras qu’elle s’est endormie…
Bonne preuve que, même sauvage, un chat peut faire confiance à quelqu’un qu’il apprécie et venir lui montrer que le moment est venu...
Adieu, ma petite panthère noire ! Tu restes à jamais dans mon cœur !
PRINCESSE, ma petite boule de neige !
Le calme, la sérénité, la gentillesse, la disponibilité, voilà une partie de tout ce qu’incarnait PRINCESSE. Dès qu’un visiteur se présentait, elle était toujours prête à donner des caresses, des câlins. On ne l’entendait qu’aux moments où je distribuais les repas. Là, sa jolie voix dépassait les autres.
Elle était arrivée à la maison il y a 10 ans, alors que son maître avait été colloqué. Les ambulanciers avaient trouvé trois chats blancs délaissés : un mâle décédé depuis peu et deux femelles qu’ils avaient tout simplement jetées dehors avant de fermer la maison. Une voisine les avait nourries mais ne pouvait les héberger, possédant déjà elle-même plusieurs chats. Elle m’avait donc demandé de les prendre en charge. C’est comme ça que sont arrivées Duchesse et PRINCESSE.
Jamais je n’ai eu aucun problème avec elles. Duchesse nous avait quittés après trois années, victime d’une leucémie, sa sœur a eu du mal de s’en remettre, mais aidée par les autres chats de la maison, elle a repris le dessus et a continué son petit bonhomme de chemin.
Bien sûr, ces derniers temps, je m’apercevais bien qu’elle vieillissait, mais jamais je n’aurais imaginé que ce début d’année 2017 allait me la ravir et surtout si vite !
En trois jours, elle a décliné de manière spectaculaire, malgré mes efforts pour la nourrir, la réhydrater, la soutenir par divers procédés, en utilisant tous les revitalisants possibles……
Le jeudi 5 janvier 2017, à 8h35, PRINCESSE s’en est allée rejoindre son frère et sa sœur au paradis des chats, un petit nuage blanc s’est élevé dans le ciel si calme. Elle a laissé beaucoup de tristesse et de larmes parmi ses deux marraines qui la chérissaient tant. Quant à moi, j’ai encore beaucoup de mal de m’en remettre, tout cela est allé si vite……Elle s’est endormie en tenant entre ses pattes antérieures ma main droite…. Adieu petite PRINCESSE ! Ta présence me manque tellement !......
...Triste fin d'année...
Petite JULIE était arrivée d’une manière tonitruante, alors qu’elle n’était qu’un tout jeune chaton de six semaines. Sa maman, chatte sauvage s’était introduite dans un appartement du centre de Mons, en profitant d’une fenêtre ouverte et elle avait mis bas dans une garde-robe. Les deux petites étaient aussi sauvages que leur maman, il m’avait donc fallu leur jeter une couverture dessus pour réussir à les capturer et les emmener dans un panier de transport jusque la maison.
Pendant trois semaines, je n’avais même pas pu rester dans la pièce d’isolement alors qu’elle mangeait tellement elle était farouche.
Puis, peu à peu elle s’était adoucie et la confiance s’était installée entre nous deux. Bien sûr, 13 ans après son arrivée, je savais la caresser, elle venait même d’elle-même sur mes genoux, mais jamais je ne pouvais la prendre dans les bras ; ce qui avait posé des problèmes lors de notre déménagement d’ailleurs !
Fin de l’année 2016, elle a subitement gonflé au niveau de la face et, après lui avoir enlevé une molaire complètement pourrie, notre véto s’est aperçue qu’elle avait une grosse tumeur sur la mâchoire, très mal située. Un traitement fut instauré, auquel JULIE répondait bien. Le jour de Noël j’étais d’ailleurs très heureuse de constater qu’elle avait dévoré sa gamelle de dinde coupée en petits morceaux. Malheureusement quelques jours plus tard, il fallait lui dire adieu, elle ne savait plus manger, ni boire, malgré les piqûres de réhydratation elle fondait littéralement.
C’est dans mes bras, comme toujours, que JULIE s’est endormie calmement.
Elle est allée rejoindre sa petite sœur qui nous avait quittés quelques semaines après son adoption. Au moins, elle ne souffre plus, de notre côté sa place restera à jamais vide et le chagrin qu’elle nous a fait en nous quittant est le seul point négatif dans sa si calme existence. Adieu Petite JULIE ! Jamais je ne t’oublierai !
...Une page se tourne définitivement...
« Si les êtres que nous aimons nous sont arrachés, pour qu’il vivent longtemps, il ne faut jamais cesser de les aimer. Car l’amour véritable est éternel »
(tiré du film THE CROW)
Fin mai 2001, en allant nourrir nos petits déshérités dans notre abri pour chats errants de Mons (Pont Canal), nous avions trouvé une caisse à bananes et dedans 3 chatons crasseux, âgés de 5 semaines, complètement déboussolés : 2 mâles : Bagghera et Tigrou et une femelle que nous avons appelée PELUCHE car son pelage « écaille de tortue » me faisait penser à un chat en peluche. De plus, contrairement à ses frères, qui ne cessaient de hurler, elle restait calmement pelotonnée dans le fond de la caisse en tremblant !
Ils nous ont, forcément, accompagnés lors de notre déménagement à Havay. Tigrou nous a, malheureusement, quittés à peine âgé de 8 ans ; son frère Bagghera l’a rejoint l’an dernier laissant sa sœur fort décontenancée. Elle, si maternelle, s’est alors occupée de tous les autres chats qui, surtout le matin, acceptaient qu’elle leur fasse leur toilette : juste des coups de langue sur la tête et le dos, mais elle y tenait, toujours en ronronnant à pleins tubes. Même Athéna, notre chienne, devait y passer lorsqu’elle rentrait de sa promenade au promenoir, PELUCHE lui lavait les pattes, la tête, les oreilles….
Tout ça s’est arrêté d’un coup sec, brutal, inattendu, ce jeudi 10 novembre. Depuis la veille, elle était différente : calme, trop calme, couchée sans bouger, elle remettait bien un peu, mais rien de particulièrement alarmant…. Puis le matin du jeudi, elle s’est mise à vomir du sang et là, j’ai eu peur, très peur !
Quelque chose en moi me disait que je devais passer tout mon temps près d’elle, à profiter de sa présence, à écouter ses ronrons, à la caresser, à prendre les bisous qu’elle me donnait sur les mains sans trop lui laisser paraître mon angoisse, mon chagrin. Car, bien sûr, j’avais compris que dans quelques heures, j’allais devoir prendre cette atroce décision qui me priverait à tout jamais de sa présence.
Quand notre vétérinaire est arrivée, PELUCHE n’a pas bougé de l’endroit où je l’avais déposée, elle s’est laissé visiter. Même la tête tournée de l’autre côté, je devinais l’expression négative que laissait entrevoir le visage de la vétérinaire. Et, tout en inondant PELUCHE de bisous, j’ai entendu la sentence tomber : « écoutez, je n’aime pas du tout ça ! C’est une crise d’urémie tellement forte ! …. » le reste des explications est passé comme dans un nuage. « …On ne peut pas la laisser souffrir comme ça ! On va droit dans le mur ! C’est une question de 24 ou 48 heures au mieux ! Il va falloir prendre une décision, vous ne croyez pas ? »
Et ma jolie petite PELUCHE s’est endormie dans mes bras, placée comme elle l’était tous les soirs, sauf que le soir elle reposait ses pattes antérieures sur la tête d’Athéna. A peine endormie, je l’ai placée sur un coussin pour que ses copains puissent venir lui dire adieu et, la toute première a été Athéna. Elle est venue renifler le corps de son amie puis s’est couchée sur le bord du coussin, tout contre PELUCHE, comme si elle voulait la réchauffer…
J’étais incapable de prononcer un seul mot, la gorge nouée….
PELUCHE était la dernière survivante de tous les chats qui nous avaient accompagnés depuis Mons en octobre 2001.
Elle avait fêté son 15ème anniversaire en avril dernier.
Tous les trimestres c’était elle qui vous proposait ses « petits potins », jamais méchants, juste un peu croustillants parfois ! Vous étiez nombreux à me dire que vous aimiez les lire en tout premier !
Elle était tellement jolie, tellement gentille aussi qu’elle avait réussi à séduire plusieurs marraines qu’elle accueillait lors des visites. Elle se laissait photographier, caresser sans jamais rouspéter, toujours d’humeur égale, toujours occupée à ronronner.
Depuis son décès, les soirées sont bizarres, vides. Les cinq autres habituels sont couchés sur et autour de moi, mais je ne sais pourquoi ils laissent tous SA place libre.
Le matin à notre lever, c’est Princesse, Manon et Chipie qui ont pris le relais du nettoyage d’Athéna et des autres chats qui se présentent sur le canapé, alors qu’auparavant, jamais aucune d’elles ne l’avait fait !
Oui, je sais, on va m’accuser de faire de l’anthropomorphisme, peut-être ou peut-être pas, et franchement je m’en fiche ! Je vis avec mes chats 24 heures sur 24, je les connais, je sais comment ils réagissent dans telle ou telle situation et je connais leurs sentiments !
PELUCHE est toujours dans mon cœur, comme dans celui de ses marraines, dans celui d’Athéna, des copines et jamais son image ne s’effacera. 15 ans d’une vie où elle m’a donné tous son amour, son affection et sa confiance. Elle est partie pour recommencer à materner ses deux frères, mais elle manque à tous ici-bas !....
Athéna veille son amie PELUCHE décédée
...Un été meurtrier...
ANAÏS est arrivée chez nous, en compagnie de Rouquine, Joli Bébé et Boubouille le 9 novembre 2007, après entrée en maison de repos de sa maîtresse âgée et sa maison venait d’être vendue, donc les chats ne pouvaient rester seuls plus longtemps. Déjà âgée de 14 ans, la famille craignait qu’elle se laisse aller, mais il n’en fut rien. ANAÏS est devenue très vite le chef de sa chambre, il faut dire qu’elle avait un sacré caractère et mettait au pas tous les chats qui sont arrivés peu à peu dans sa chambre. Et il y en a qui se sont succédés en 9 ans.
Mâles ou femelles, chacun devait se plier à « sa loi ». Attention, elle n’avait pas une once de méchanceté ni d’agressivité, mais elle tenait à son rang et n’était pas prête à se laisser marcher sur les pattes.
Nombreuses sont les personnes qui se sont vues gratifier d’un gros câlin par ANAÏS, elle venait les accueillir et après juste quelques caresses elle sautait sur leurs épaules et y restait perchée en ronronnant et donnant des bisous. C’est de cette façon qu’elle a réussi à avoir plusieurs marraines, elle était tellement sympa. Mais elle avait « ses têtes » !
A l’arrivée de Phénix dans sa chambre, les heurts ont été nombreux ! Elle a immédiatement voulu lui faire comprendre qui était LE chef
! Mais lui, petit mec ayant toujours vécu seul chat avec sa maîtresse âgée, ne l’entendait pas de cette oreille ! Et puis, ils ont trouvé un modus vivendi et je dois dire que, depuis l’A.V.C.
qu’Anaïs avait subi le 1er mai dernier, en plein milieu du week-end portes ouvertes, il s’occupait d’elle comme un parfait garde-malade. Je suis, encore actuellement, époustouflée par la
profondeur des relations qui se sont tissées entre eux en si peu de temps. Il sentait quand elle était plus fragile et la suivait alors que sa patte postérieure gauche flageolait ; si elle
titubait un peu, c’est sur lui qu’elle retombait et cela lui permettait de rester debout. Elle s’était magnifiquement remise de cet accident vasculaire, avec aucune séquelle. Malheureusement une
tumeur de la hanche (un ostéosarcome) est venu tout compliquer et elle n’a cessé de maigrir, de s’affaiblir, jusqu’à ces fichus jours de canicule de cette fin juillet 2016 où sa résistance a jeté
l’éponge. A trois mois de son 23ème anniversaire, ma petite poupée a attendu que j’arrive le matin, m’a bien fait comprendre qu’elle n’en voulait plus et qu’elle était à bout. Elle s’est endormie
tout en ronronnant, la tête dans la paume de ma main, calmement tendrement, je lui ai parlé à l’oreille jusqu’au bout, je l’ai remerciée pour ces millions de moments de bonheur qu’elle m’a
offerts en 9 ans et je lui ai dit qu’elle pouvait lâcher la rampe pour ne plus souffrir. Elle est partie en quelques minutes et ne souffre plus…..
Pour Phénix et moi de lourds moments de deuil, de chagrin et de découragement commencent mais, en souvenir d’Anaïs, nous serons unis pour les affronter ensemble.
Adieu, ma petite Anaïs, tu as été un soleil dans ma vie pendant ces 9 années de confiance et de bonheur !
...Elle est partie avec l'hiver...
De ma petite AMANDINE, je ne saurais retenir que d’excellents souvenirs !
Il est certain qu’elle laisse une place énorme, elle était tellement présente, parfois même envahissante : lors des visites vétérinaires, par exemple, elle ne faisait que miauler pour attirer l’attention ; lorsque mon mari buvait sa tasse de café du matin, elle sautait sur ses genoux et, jalouse de l’attention qu’il accordait à sa tasse, elle donnait dans celle-ci un bon petit coup de tête et…..PLOUF ! Vous imaginez la suite ! Mais comment voulez-vous la gronder ? Elle nous regardait avec ses grands yeux tout ronds et ronronnait !
Elle était arrivée en 2007, trouvée, à peine âgée de six semaines, dans un cimetière de la région, alors que la maison regorgeait de chatons, j’avais d’abord refusé de la prendre. Et puis, mes petites jumelles Faustine et Opaline qui se reposaient dans les hamacs du bureau avaient tendu les pattes vers elle et Faustine lui avait donné un bisou sur la tête, j’ai donc fondu ; de plus comme c’était un chaton noir………….
Elle a donc passé toute sa vie chez nous, s’attachant à tous et devenant de plus en plus indispensable à notre quotidien ! Amandine accueillait les visiteurs, elle était dans les premiers à venir renifler les nouveau arrivés, elle était aussi la première à se mêler des disputes malgré sa toute petite taille qui aurait pu l’handicaper ! Dans le promenoir de notre ancienne maison, elle avait d’ailleurs trouvé que les cases en treillis des coins étaient un peu plus larges que les autres, elle en profitait donc pour sortir par le toit et narguait les autres chats restés à l’intérieur ! Elle m’en a donné des frayeurs ! Heureusement, il suffisait de l’appeler et elle accourait dans mes bras !
Dernièrement, alors que je classais mes tickets de caisse, un petit moment d’inattention et hop !... Amandine s’encourait avec un des tickets, elle ne voulait pas le lâcher il a fallu que je lui lance une souris factice pour qu’elle y consente !
Il n’y a que les quatre derniers jours de son existence qu’elle a changé : calme, trop calme, recroquevillée sur elle-même, elle venait quand même le soir dormir sur mon épaule en ronronnant dans mon oreille.
C’est comme ça qu’elle s’est endormie définitivement, couchée sur mon épaule gauche, avec sa petite tête au creux de mon oreille, elle a ronronné jusqu’au bout en bavant comme elle savait si bien le faire quand tout allait bien…
Les minutes qui ont suivi ont été hyper poignantes : comme d’habitude, pour qu’ils se rendent compte que leur copine était partie rejoindre les étoiles, je leur ai laissé son corps sur une couverture dans un petit panier, et les chats ont défilé auprès d’elle comme s’ils voulaient lui rendre un dernier hommage.
Chipie et Canelle, ses amies de toujours, lui ont même donné un coup de langue sur la tête. Les autres se sont contentés de la renifler, puis ils partaient. Ma grande Athéna, elle aussi très proche d’Amandine, s’est couchée auprès de son petit corps pendant le défilé des chats. Et moi, hébétée, j’avais l’air bête, là, en plein milieu de cette scène. Je vous jure que je me serais crue au cours des présentations de condoléances dans un funérarium…
Enfin, elle ne souffre plus, même si sa maladie n’a duré que très peu ! Jamais son souvenir ne s’effacera !
Adieu ma petite souris noire comme je l’appelais en référence à sa toute petite taille !
...2016 a mal commencé...
MITSOU m’était arrivée un beau matin, après avoir été sauvée d’une maison dans laquelle elle avait été « oubliée » par ses anciens « maîtres », alors qu’ils avaient déménagé…Comment peut-on déménager et « oublier » son chat ? Je ne le comprendrai jamais !
Elle était tellement choquée (et on le serait à moins), qu’elle est restée prostrée le nez collé à un mur dans sa chambre d’isolement et ce n’est qu’après avoir passé deux heures assise à ses côtés tout en lui parlant doucement et en la caressant que j’ai réussi à la mettre en confiance !
Depuis, elle était un petit pot de colle, une petite chatte que nul visiteur ne savait ignorer ; elle venait en compagnie de Noëlle et Loustic accueillir tout qui entrait à la maison.
Les moments les plus marrants passés avec MITSOU étaient ceux pendant lesquels elle avait trouvé une souris, une balle en mousse ou même un jouet d’Athéna et qu’elle se baladait avec en bouche tout en miaulant de cette manière propre aux chattes qui ramènent une proie à leurs petits.
En plus, elle m’amenait son trésor, me le déposait sur les pieds et attendait que je le prenne pour lui lancer ; et le cinéma recommençait comme ça plusieurs fois de suite ! On en a eu des parties de fou-rire avec tout ça, enfin, sauf quand cela arrivait la nuit….
En mars 2015, suite à un amaigrissement suspect, des analyses ont mis en évidence une forte hyperthyroïdie et la présence d’une masse tumorale sur les intestins. Un traitement assez costaud fut mis en place et elle se laissa soigner tous les matins et tous les soirs, sans rouspéter. Pire ! Elle supportait les prises de sang mensuelles en ronronnant dans mes bras !
Nous étions tous étonnés de la vitalité qu’elle avait retrouvée, y compris notre vétérinaire. Malheureusement, en ce début d’année 2016, elle a baissé les armes et a commencé à dépérir… Pour lui éviter une fin trop douloureuse, j’ai du, en accord avec notre vétérinaire, prendre la décision de l’endormir en douceur…
Et c’est lovée entre mes bras, en ronronnant comme d’habitude, que notre petite MITSOU a terminé son voyage sur terre, elle s’est envolée pour le petit nuage duquel elle veille sur tous ses copains de Chats Sans Toit…
...Ce fut un début d'année 2015 très éprouvant...
FLOCON était un chat imposant, très grand, très fort, et sa couleur blanche immaculée lui donnait une ampleur encore plus grande.
Quand il a commencé à être malade à cause de tumeurs sur la thyroïde, il passait de très longs et merveilleux moments couché sur moi à ronronner, tout en demandant des câlins.
Mon chêne, mon roc, tellement solide s’est écroulé en quelques
jours, en cette fin janvier 2015.
Il s'est endormi sur moi, en
ronronnant, mais pour ne plus se réveiller et passer de l'autre côté, là où maintenant il ne souffre plus...
Adieu mon p'tit Flo. Veille sur moi et donne moi le courage de continuer avec les autres...
Mon TOM-TOM était un petit gars tout juste âgé de 9 ans.
Combien de personnes ont été conquises, lors de visites, par ce magnifique chat tigré très foncé qui venait les accueillir? Dès qu’on le caressait, on était adopté !
Il avait bien sûr ses petits moments de folie, mais jamais de méchanceté, il était un chat placide, facile à vivre, heureux...
Et, voyez-vous, c'est ce qui, dans le malheur de l'avoir perdu, me console un peu : il a été "heureux".
Il recevait de l'amour,
de l'affection et il en donnait cent fois plus en retour...Un lymphome aux reins a mis fin à cette belle histoire...
Bon repos mon petit Tom-Tom et merci pour tout ! ...
Fin 2008, une portée de chatons m’a été déposée. Apparemment, ils avaient passé pas mal de temps dehors et le coryza avait déjà atteint leurs petits organismes fragiles.
CANDY, la seule petite femelle tigrée était assez farouche. Mais au fil du temps, elle s’est laissé apprivoiser et, même si elle n’a jamais accepté qu’on la prenne dans les bras, elle venait d’elle-même sur les genoux demander un gros câlin.
Elle avait gardé une fragilité respiratoire que je parvenais à gérer tant bien que mal car CANDY était un chat terriblement difficile à soigner plus de trois jours d’affilée.
Malheureusement, en ce milieu de février, ce sont ses reins qui ont été atteints, et tout son organisme a suivi dans la désorganisation. Je n’ai eu d’autre choix que de la faire endormir afin d’abréger ses souffrances. Elle ne voulait plus lutter, elle l’avait déjà tellement fait !... 7 ans ! Que c’est court pour une vie ! Mais elle m’a donné sept années de confiance, de bonheur, de satisfactions, de joies…
...Ils sont partis juste avant l'été...
EMMA n’avait que trois ans depuis mars 2015.
Lorsqu’elle m’avait été abandonnée de nuit, au grillage de la maison, dans un panier de transport juste garni de quelques déchirures de journaux, je l’avais d’abord prise pour un chaton vu sa petite taille. Elle n’a jamais beaucoup grandi et c’est une des raisons qui ont fait que je l’appelais automatiquement « bébé Emma ». J’en arrivais même parfois à juste l’appeler « bébé » et elle comprenait ! Elle savait me faire enrager surtout à l’heure de rentrer de la plaine de jeux, le soir : alors que tous ses copains revenaient vers la maison, elle me regardait et se roulait par terre puis se figeait en tendant les pattes et en miaulant pour que je la prenne dans mes bras et ... je craquais bien sûr !
Son grand ami Zébulon a essayé de la dérider ces dernières semaines, pendant qu’elle luttait contre la maladie, mais rien n’y a fait et aujourd’hui il la cherche désespérément.
Ma petite Bébé EMMA est partie jouer avec ses anciens amis dans une contrée lointaine où elle ne souffre plus et dorénavant le ciel au-dessus de la maison des chats sans toit comptera une étoile en plus qui nous protégera tous !
C’est en 2003 que ma fille m’a, un matin, apporté un chaton qui avait déboulé dans son salon la veille au soir. Comme elle avait des chiens qui ne supportaient pas les chats, elle ne pouvait le garder et personne dans le quartier ne le connaissait évidemment !
LOOPING était enjoué, toujours d’humeur égale, copain avec tous les autres chats, mais plus particulièrement avec Bumba.
Avec les années, il était devenu un chat d’une taille respectable, très sociable avec les gens qu’il connaissait mais plutôt méfiant avec les autres personnes. Assez calme, il ne se faisait jamais remarquer et acceptait tout changement que ce soit en nourriture, en paniers, en nouveaux chats,etc….
Pour lui, la vie était belle et valait le coup d’être vécue. Malheureusement, la maladie l’a empêché d’aller au-delà de ses douze ans et il nous a quittés aussi discrètement qu’il avait vécu près de nous ces douze années. Il ne souffre plus, c’est la seule consolation que son départ nous laisse. Mais comme il va nous manquer à Bumba et à moi !
...En espérant que c'est le dernier départ pour cette année...
L’image que je garderai à tout jamais de SOURIS, c’est celle qui se présentait à moi tous les matins depuis qu’elle vivait chez nous :
J’ouvrais la porte de sa chambre et je voyais la petite SOURIS à l’étage supérieur du panier- tour à 3 étages, elle levait la tête, me regardait, étendait ses quatre pattes, lentement, une à la fois, puis elle baillait à se décrocher les mâchoires….ensuite il fallait que je lui donne quelques caresses sur la tête , ce qui avait pour effet de la faire ronronner de manière très sonore et, seulement après, elle descendait de son refuge nocturne pour aller m’attendre juste à côté du plateau sur lequel je déposais sa gamelle du petit-déjeuner. A ce moment-là, plus rien n’existait pour elle, elle ne levait plus la tête que lorsque sa gamelle était vide et bien nettoyée. Et ce cérémonial immuable se répétait chaque matin, depuis le premier jour que SOURIS avait passé à la maison ! Sa jolie petite frimousse me manque depuis cet horrible jour de fin septembre 2015 où une vilaine thrombose me l’a emportée. Elle a passé ses dernières heures dans mes bras, tellement confiante, malgré les séquelles occasionnées dans son cerveau…
...Adieu à deux vieilles amies...
MELBA avait été adoptée, chaton, par une ancienne inspectrice d’une SPA montoise car personne n’en avait voulu. Malheureusement cette dame s’est vite laissé dépasser par le nombre de chats qu’elle avait accueillis. Lorsqu’elle a appris qu’elle souffrait d’une maladie qui allait bientôt l’emporter, elle a confié à l’asbl Chats Sans Toit tous ses petits protégés dont certains ont pu trouver une famille, mais pas tous. MELBA est restée et, a mené une petite existence bien tranquille, reflet de son caractère très facile.
Elle ne demandait que de longs câlins et une bonne gamelle, rien de plus.
Les séquelles de sa vie antérieure dans une remise sans lumière se sont fait sentir après sa 15ème année : son champ de vision s’était amplement rétréci et elle voyait de moins en moins clair. Mais cette infirmité n’a jamais atteint son moral, elle se repérait dans la maison et s’en tirait parfaitement. Depuis l’année 2014, elle souffrait de la forme féline de la maladie d’Alzheimer et avait de longues phases pendant lesquelles elle était complètement « perdue ». Puis fin octobre 2015, son état s’est aggravé et les complications de toutes sortes nous ont obligés, en concertation avec notre vétérinaire, à lui dire adieu en douceur, il n’y avait plus aucune issue possible, nous ne pouvions la laisser souffrir, elle ne méritait pas ça !
Discrète a été sa petite vie, c’est aussi discrètement qu’elle s’est endormie, sur la pointe des pattes, bien calée dans des bras qu’elle affectionnait particulièrement…
SARASVATY (nom d'une déesse indienne) avait très mal commencé sa petite vie dans les rues d’une station balnéaire de Turquie. Chaton errant, elle était devenue le jouet d’une bande de gosses en manque de distractions. Jusqu’au jour où son œil gauche crevé attira l’attention d’une touriste belge. Elle essaya de soigner la petite mais décidé finalement de la ramener en Belgique où elle l’hébergea quelques temps.
C’est déjà adulte que SARASVATY fit son entrée chez les Chats Sans Toit, en compagnie d’un magnifique mâle noir castré Loulou, avec qui elle avait passé quelques années, dans sa première famille d’accueil. Ce dernier nous quitta après quelques années, mais SARASVATY continua son petit bonhomme de chemin et fit le bonheur de tous ceux qui venaient la visiter : accueillante, amitieuse, pas du tout avare de ses démonstrations d’affection, elle fut un véritable moteur à ronrons sur pattes.
Depuis un peu plus d’une année, elle souffrait de la forme féline de la maladie d’Alzheimer, mais tout était sous contrôle. Malheureusement son état s’est subitement aggravé en ce début de mois de novembre et il a fallu prendre l’atroce décision de l’aider à s’endormir en douceur pour lui éviter des souffrances : dernier service qu’il était possible de lui rendre. Son esprit, sa marque indélébile, sa bonne humeur règnent toujours sur la maison de l’asbl Chats Sans Toit : 22 ans et 4 mois d’existence, un record qui ne s’oubliera pas de si tôt !
...L'année s'est terminée aussi mal qu'elle avait commencé...
BAGGHERA a débarqué dans ma vie d’une façon assez particulière : jeté avec son frère et sa sœur, à peine âgés de quelques semaines, dans une banale caisse à bananes en plein milieu de notre abri pour chats errants de Mons.
Lorsque je suis arrivée, il hurlait aussi fort qu’un chaton peut le faire ! Les deux autres se cachaient et se faisaient tout petits…
Emmenés tous les trois à la maison, il a fallu les déparasiter, les nettoyer car ils étaient crasseux, et puis tout leur apprendre : à manger, à utiliser la litière, etc…
Immédiatement son prénom m’est apparu comme le seul, il était haut sur pattes, d’un noir magnifique et ses sauts ressemblaient à ceux d’une belle panthère.
Tout au long de sa vie, BAGGHERA et moi avons été très proches, on se comprenait d’un coup d’œil. J’étais la seule à pouvoir calmer ses colères mais aussi ses peurs.
Toute sa vie il sera resté très proche de sa sœur Peluche, surtout depuis le décès de leur frère Tigrou…Encore le dernier jour de sa vie, c’est elle qui est restée près de lui jusqu’au bout, le lavant, et se lovant contre lui pour lui tenir chaud.
BAGGHERA c’était un « monument » chez Chats Sans Toit, tous les visiteurs le connaissaient. Il accueillait les gens en miaulant, mais aimait aussi leur marcher sur les pieds, leur mordre les doigts ou les cheveux, mais juste pour montrer qu’il avait besoin qu’on le considère. Avec son décès, c’est encore une lourde page de mon passé qui se tourne, il était un des derniers chats qui nous avaient accompagnés lors de notre déménagement de Mons vers Havay !
LE CHAT
Par
Paul Léautaud (1872-1956)
"Mon Dieu ! j'ai déjà pas mal écrit sur les chats. Je puis écrire encore. J'en ai eu tant autour de moi.
A aujourd'hui, pas loin de trois cents, je crois bien. Chacun avec sa physionomie, ses manières, son caractère particuliers. Tout comme nous autres humains, je l'ai dit souvent.
Le mieux, c'est que je n'en ai choisi aucun, puisque tous me sont venus des hasards de la rue, malheureuses bêtes perdues ou abandonnées par des maîtres sans conscience, de ces gens qui prennent un jour un animal, chien ou chat, par fantaisie, et celle-ci passée, le mettent tranquillement à la rue, exposé à tous les risques comme à tous les besoins.
Les chats que j'ai recueillis et qui vivent avec moi n'ont pas ma préférence. Sans doute, je leur suis attaché de les connaître et de jouir de leurs gentillesses, Mais ceux que je ne puis prendre, la place et mes moyens ayant leurs limites, et que je nourris au dehors, je sais bien qu'ils ont les mêmes qualités de grâce, d'attachement et qu'ils seraient, tout comme ceux qui étaient comme eux abandonnés et que j'ai recueillis, des compagnons aussi charmants s'ils étaient chez moi.
J'envoie au diable Descartes qui a dit que les animaux ne sont que des machines. Au diable aussi Buffon qui a dit que les chats sont traîtres et hypocrites. Au diable encore l'opinion accréditée que le chat n'aime que sa maison et bien moins son maître. Moi qui écris ces lignes et qui, après tout, dut-on me trouver bien présomptueux, ne suis pas plus sot qu'eux, je sais mieux qu'eux à quoi m'en tenir. La raison - pour connaître et juger - n'est pas tout. Un petit peu de cœur ne fait pas mal non plus...
...Si j'ai eu bien des chagrins à chaque nouvel abandon que je constatais, quels plaisirs j'ai eus aussi à chaque sauvetage que j'ai fait. Mon cher Coco, par exemple. Quels cris il poussait, le jour que je l'ai pris, dans le panier dans lequel je l'emportais ! Dans le petit appartement de la rue Dauphine où je le fis vivre quelques semaines avant de le transférer chez moi, quelle peur il avait, caché obstinément sous un buffet sous lequel je lui glissais pâtée, lait et gâteries ! Si vous le voyiez aujourd'hui, couché avec moi, sur le côté comme une personne, son nez tout près du mien, une de ses pattes allongée sur mon cou.
Dire que des gredins ont mis dehors un animal si charmant, un être si affectueux, dont tout n'est que gentillesse et douceur ! Tristes imbéciles, cruels et malfaisants.
Et ce que je viens de dire de Coco, je pourrais le dire tout aussi justement de Blanchou, de Félix, de Grison comme de Sophie ou de la Noirochon, celle-ci que, chaque matin, avant mon départ, il faut absolument que je prenne quelques minutes dans mes bras. De tous, enfin ! Quand je dis : de tous, je pense à ceux qui sont là, à ceux aussi qui y ont été et qui n'y sont plus, et qui m'ont payé au centuple, par leur compagnie délicieuse, le refuge que je leur ai donné...
...Quant aux chats qui n'aiment que leur maison, quant aux chats qui s'éloignent et se cachent pour mourir, autant d'opinions sans consistance.
Un peu après la mobilisation de 1914, je suis parti avec quatre de mes chiens et onze de mes chats pour un pays où j'allais pour la première fois, C'était encore à cette époque un endroit assez désert. Le soir, je partais faire une promenade dans la campagne, ou le long des côtes, au bord de la mer. Les onze chats suivaient avec les quatre chiens, et si je m'arrêtais, étendu un moment sur le sol, tout le monde s'arrêtait aussi, en rond autour de moi.
Quant à la mort, je n'ai jamais vu un de mes chats s'éloigner de moi pour mourir. Au contraire. L'un d'eux, malade gravement, ou à la fin de sa vie, vivant ses derniers jours, je ne l'ai jamais vu aussi près de moi, me témoigner plus d'affection, me marquer davantage le prix de ma présence. C'est même devenu pour moi une indication douloureuse. je sais en pareil cas que la fin du pauvre être n'est pas loin. Les dernières minutes venues, quelle façon, répondant à mes caresses, d'accrocher doucement de ses griffes, ma main pour me retenir. . . Ah! dame, c'est que, moi, je ne suis pas, pour toutes ces bêtes, un « maître », mais un compagnon, comme chacune d'elles m'en est un. Je ne me considère guère que comme un animal d'un autre genre que le leur, sans trop savoir lequel des deux vaut le mieux. A voir la bêtise, la grossièreté et la cruauté des hommes, on peut se le demander."
Paul Léautaud